vendredi 27 mai 2016

Éducation : Benghebrit au secours du Sud

Le sud du pays va vers un bouleversement de son rythme scolaire, notamment par un décalage de la prochaine rentrée au 1er octobre, une réorganisation des horaires des cours et peut-être… un retour à la session du baccalauréat Sud, si les propositions consensuelles ayant rassemblé pour la première fois parents d’élèves, syndicats d’enseignants et directions de l’éducation sont validées par le ministère de tutelle. Booster la qualité de l’enseignement dans les wilayas du Sud, améliorer ses rendements, encourager les initiatives locales. Un challenge de taille pour la ministre de l’Education nationale qui sillonne la région depuis le début de l’année scolaire, réaffirmant son soutien personnel à ce sursaut venu de l’intérieur du pays. Dimanche à Illizi, mardi à El Oued, Nouria Benghebrit a choisi deux villes du sud du pays pour donner le coup d’envoi symbolique aux examens de fin des cycles primaire et moyen. Une occasion pour la ministre de réaffirmer sa «détermination à diminuer les disparités régionales en matière de résultats scolaires» et plaider en faveur «d’une nouvelle gouvernance pédagogique à même d’infléchir les taux de déperdition scolaire alarmants dans l’extrême-Sud». Un taux de déperdition de 12,56 % selon la ministre, par rapport aux 6% au niveau national qui se conjuguent allègrement au trio infernal du «redoublement des classes» «du faible taux de réussite aux examens officiels» et «du manque d’encadrement dans la première langue vivante, à savoir le français». La hantise de ses prédécesseurs, son cheval de bataille. Alors réussira-t-elle là où tous les autres ont échoué ? Pour y voir plus clair, elle a d’abord demandé à écouter et à lire. De rapport en rapport et de conférence en conférence, la nécessité d’un consensus local sur la question climatique a émergé. Consensus Ce n’est plus un tabou dans la bouche d’un politique à la casquette de pédagogue. Et même si Benghebrit tient encore aux fondamentaux nationaux concernant l’unification des contenus de programmes et des examens ainsi que les fameuses 36 semaines de cours, elle semble avoir décidé d’aller de l’avant en accordant aux wilayas du sud, là où son secteur va le plus mal, la possibilité d’adopter un système qui atténuera en premier l’impact climatique sur l’élève et l’enseignant. Pour résoudre ces problèmes, la ministre demande «une quasi révolution intellectuelle et conceptuelle de l’acte pédagogique et une adaptation de l’école à son contexte naturel et sociétal». Venant de la bouche de cette ministre, c’est une opportunité de changement radical qui s’offre au sud du pays. Sauf que, exprimé par une ministre francophone dans un milieu hostile aux langues étrangères, le message ne passe pas comme elle le voudrait. La ministre a pourtant répété son message à travers toutes les wilayas du pays : «Ne comptez pas sur moi pour prendre une décision administrative et instaurer un changement des rythmes scolaires au sud, un consensus doit être atteint au niveau local pour que ce changement soit adopté par la tutelle». Elle l’a dit à Ouargla, sur les ondes de la radio locale et via les colonnes d’El Watan et elle vient de le réitérer à partir d’Illizi. Fonctionnel Briser le tabou il y a quelques années n’a jamais été aussi possible, semble-t-il. Attab Mohamed El Kamel, coordinateur du Snapest de la wilaya de Ouargla, est optimiste : «Mme Benghebrit sait écouter avec beaucoup d’intérêt, c’est un excellent interlocuteur qui a affiché sa volonté de régler ce casse-tête». Avec une expérience en classe de 30 ans, cet enseignant de mathématiques et d’économie voit dans cette démarche un vrai pas en avant. «Elle a réglé le problème des arriérés des enseignants formateurs, elle s’attaque maintenant au dossier du sud qui demande une rentrée fonctionnelle et non pas politique». Constatant que la rentrée piétinait pendant les quatre semaines de septembre où les parents s’abstenaient d’envoyer leurs enfants à l’école en après-midi, le consensus étant clair : trop chaud pour étudier. Les propositions consensuelles demandent donc le décalage de la rentrée effective au 1er octobre explique Amar Mammeri, président de la fédération des associations des parents d’élèves de la wilaya de Ouargla qui estime que «c’est un juste retour au bon sens». Les autres propositions sont d’ordre organisationnel et concernent l’instauration d’une vacation unique de 7h à 14h durant les mois où la journée est longue, à savoir octobre, novembre, avril et mai, indique le coordinateur local du Snapest. Il est également prévu d’inclure le samedi dans cette période afin de ne pas léser les vacances scolaires qui seront les mêmes à travers le territoire national. Les propositions incluent également la restauration de la session du baccalauréat Sud à programmer fin mai avant les grandes chaleurs. «Une démarche d’équité des chances», affirme M. Attab qui souligne que «la climatisation ne règle point le problème des 50°C et qui iront crescendo durant les prochaines années selon les prévisions météorologiques», ajoute-t-il. Organisées durant trois années successives en 2001, les épreuves du bac Sud ont permis aux candidats des régions sahariennes d’améliorer leur taux de réussite selon une étude effectuée par la ministre.  

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