Abdelmalek Sellal, Premier ministre algérien, a annoncé ce 23 mai avoir demandé au ministre de la Communication, Hamid Grine, d’«assainir» le secteur de l’audiovisuel, où évoluent une cinquantaine de chaînes de télévision privées, non agréées. Reporters sans frontières (RSF) s’inquiète de ce blanc-seing donné à l’Exécutif pour l’octroi des licences et appelle à la mise en place rapide l’autorité de régulation de l’audiovisuel, indépendante, selon le code de l’information algérien de 2012. Le Premier ministre algérien a annoncé lundi des mesures draconiennes pour interdire les chaînes de télévision non agrées. Objectif revendiqué par Abdelmalek Sellal : «Remédier aux dépassements des lignes rouges» par certains médias qui ont, selon lui, porté atteinte aux «valeurs et aux principes de la société algérienne» et aux «fondements de la nation». Le nouveau dispositif comprend notamment la mise en place d’un agrément sur la base d’un cahier des charges fixant les droits et obligations de ces chaînes. Cette réforme devrait être menée, selon le chef du gouvernement, par le ministre de la Communication «en attendant la mise en place de l’autorité de régulation de l’audiovisuel». «Cette démarche du gouvernement algérien est préoccupante puisqu’elle donne à l’Exécutif tout pouvoir pour octroyer ou non les licences aux chaînes, déclare Yasmine Kacha, responsable du bureau Afrique du Nord de RSF, il serait plus judicieux dans un premier temps de donner sa pleine dimension à une autorité indépendante chargée, selon l’article 55 de la loi de 2014 sur l’audiovisuel, d’instruire les demandes de création de services de communication audiovisuels. Bien que cette instance ne soit pas chargée d’attribuer les licences, elle constituerait jusqu’à un certain degré une garantie pour une presse libre et indépendante du pouvoir politique.» Pour rappel, seules 4 chaînes sur 58 sont autorisées à exercer en Algérie. Il s’agit de Dzaïr TV, Ennahar TV, El Djazaïr et Echorouk TV dont les lignes éditoriales sont connues pour être peu critiques du gouvernement algérien. En 2014 et 2015, deux chaînes de télévision, Al Atlas TV et El Watan TV, avaient été fermées par les autorités. RSF avait dénoncé ces fermetures forcées pour des raisons politiques, qui punissaient les chaînes pour leur choix éditoriaux. L’Algérie figure à la 129e place (sur 180) du classement mondial de la liberté de la presse établi en 2016 par RSF.
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