Comment garder ses parts de marché sans baisser les prix du gaz et tout en gardant ses contrats à long terme ? Pour l’Algérie, c’est le dilemme du moment. L’Europe qui accueille 80% du gaz exporté par l’Algérie l’invite à faire preuve de flexibilité en abandonnant la sécurité des contrats à long terme et en adoptant des prix spot. Pour l’Algérie, l’enjeu est considérable. Le gaz naturel représente plus de la moitié de l’énergie primaire produite et 30% des recettes d’hydrocarbures. D’ici 2019, sa part dans l’augmentation de la production d’hydrocarbures compterait pour 60%, selon le ministère de l’Energie. Les contrats à long terme assurent une sécurité de débouchés qui permet au pays producteur de continuer à investir. Mais l’inflexibilité de l’Algérie est confrontée à la réalité d’un marché européen de plus en plus concurrentiel. L’Algérie est le 2e exportateur de GNL vers l’Europe après le Qatar, et le 4e exportateur de gaz naturel via gazoduc après la Russie, la Norvège et les Pays-Bas. Globalement, la part de l’Algérie dans les importations européennes de gaz est tombée à moins de 10% en 2014, selon la revue statistique annuelle de BP. Le marché du GNL (point fort de l’Algérie), est particulièrement concurrentiel puisque le nombre des exportateurs dans le monde a plus que doublé au cours des 25 dernières années. Dans ces conditions, l’Algérie devra «tôt ou tard abandonner les contrats long terme», estime Noureddine Leghliel, expert boursier dans le domaine de l’énergie. Pour Kamel Aït Cherif, «il est impossible de garder la même position. Si on veut gagner des parts de marché, il faut changer notre stratégie gazière». L’Europe a réitéré son attachement au partenariat avec l’Algérie qui a toujours fait preuve de fiabilité, mais la concurrence sur les prix risque de tout remettre en question. «Les Européens n’accepteront plus d’acheter un gaz 3 ou 4 fois plus cher, ni de signer des contrats à long terme où le prix du gaz est indexé sur celui du pétrole», nous avait récemment déclaré l’expert énergétique Mohamed Saïd Beghoul. L’Algérie est donc appelée à faire des concessions, mais se retrouver sur un marché spot ne semble pas pour le moment envisagé. L’option offre autant d’inconvénients que d’avantages, selon Noureddine Leghliel, car si la structure du marché est telle que le prix du gaz à terme est supérieur à son prix spot, l’Algérie «vendrait ses contrats futurs à perte». Dans le cas contraire, elle serait avantagée. L’Algérie a peu de temps pour s’adapter, les contrats long terme arrivent à échéance d’ici 2019.
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