mercredi 3 août 2016

L’Algérie continue la commercialisation de lubrifiants interdits

L’Algérie demeure l’un des rares pays au monde à utiliser le lubrifiant connu sous l’appellation de la 40, alors que depuis 1992 cette huile n’est plus compatible avec les moteurs modernes. Raison pour laquelle, faut-il le préciser, les pays européens, le Japon, les Etats-Unis et l’Amérique du sud d’où nous importons les véhicules et les équipements industriels l’ont interdite chez eux dès 1988. Pour les spécialistes, la 40 ne peut pas lubrifier un moteur fabriqué après 1988 lorsque la température extérieure atteint les 9°C en hiver et dépasse les 40°C en été. Les moteurs les plus touchés en Algérie sont les diesel à turbo, très sensibles à une lubrification matinale qui ne peut dépasser les 10 secondes, et de ce fait sont mis à rude épreuve. D’ailleurs, 70% des problèmes de ces moteurs sont dus à une mauvaise lubrification matinale après le démarrage. Mais la situation est devenue plus critique lorsque les constructeurs automobiles ont opté pour le tout synthétique et le semi-synthétique, (la 5w40 et la 10w40) pour les moteurs TDI depuis 1998. Très sensibles, les turbos exigent des additifs pour assurer une lubrification en moins de 10 secondes en été et 3,8 secondes en hiver. Ce qui est impossible pour l’huile 40 et les autres lubrifiants. La lubrification avec une telle huile réduit sensiblement la durée de vie des moteurs. Mis à rude épreuve, tous les moteurs et turbos finissent par couler avant d’atteindre les 400 000 km, voire même les 200 000 km, alors qu’ils sont prévus pour une durée de vie de 600 000 à 700 000 km. De récents sondages montrent que moins de 3% seulement des automobilistes et 10% des représentants des institutions publiques lisent les manuels des automobiles, et pas plus de 10% des clients du secteur étatique. La raison principale d’une telle situation est le manque d’information. Mais il n’y a pas que cela. La stagnation des moyens de production de Sonatrach - qui datent de 1974 - est aussi l’une des causes de cette situation. Sonatrach ne fabrique que les huiles de base minérale issues du pétrole brut et utilisées dans la fabrication de la 15 W 40 max. Ainsi, nous apprenons que la vente de l’huile 40 représente 40 à 70% des ventes de Sonatrach et des cinq sociétés privées de lubrifiants. Ce qui est énorme eu égard au fait que le parc automobile a été renouvelé dès 1999. A titre d’exemple, affirment des sources spécialisées, de nombreuses mairies continuent à utiliser la 40 pour lubrifier des camions modernes qui exigent la 5W40 ou la 10W40. D’autre part, il est important de préciser que les premières huiles 10W40 et 5w40 ont été fabriquées en Algérie en 2015 par la société privée Aman sous licence de la société anglaise EXOL. Malheureusement, cela n’a pas inversé la situation. L’huile 5 w 40 ne représente que 3% du marché, alors qu’elle doit atteindre au moins les 30% pour répondre à la demande des moyens de transport TDI (Turbo Diesel Injection) d’après 1998. Les spécialistes ne sont pas pessimistes. Ils présentent des solutions qui peuvent à court terme résoudre définitivement la problématique. D’abord limiter la production de la 40 uniquement au volume nécessaire au parc datant  d’avant 1992. Autre mesure importante à prendre, ajoutent nos sources, c’est de mentionner sur les fûts et bidons de cette huile qu’elle est incompatible avec les véhicules fabriqués après 1992. Il est également préconisé l’actualisation des normes de fabrication des lubrifiants en Algérie et de les adapter à celles utilisées au niveau international. Enfin, il est important aussi d’encourager le privé à investir dans la formulation des lubrifiants synthétiques durant les quatre ans à venir, c’est-à-dire  avant 2020, date à laquelle la nouvelle usine de Sonatrach devra commencer à produire des huiles de base synthétiques et fabriquer, pourquoi pas, la 5w40 100% locale et mettre fin ainsi à l’importation des huiles de base de l’étranger.  Les spécialistes appellent aussi à une campagne de sensibilisation destinée aux automobilistes pour les dissuader d’utiliser la 40. Avec de telles solutions, ce sont des sommes colossales en devises qui peuvent être récupérées par l’Etat.

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