mercredi 24 février 2016

Crise libyenne : Le Parlement reporte le vote sur le gouvernement d’union

La Libye, divisée entre deux autorités rivales installées à Tobrouk et Tripoli et déchirée par les violences entre factions armées, est confrontée en parallèle à une montée en puissance du groupe djihadiste Etat islamique (EI). Le Parlement libyen reconnu par la communauté internationale n’a pas pu, faute de quorum, tenir comme prévu un vote de confiance sur le gouvernement d’union nationale soutenu par l’Organisation des Nations unies (ONU). La séance est reportée à la semaine prochaine, rapporte l’AFP citant des députés. «Le quorum requis pour la réunion», soit 89 députés, «n’a pas été obtenu, le président de la Chambre a donc levé la séance», a indiqué le député Mohamed Al Abbani. Selon le député Ali Al Qaïdi, «le quorum requis n’a pas été assuré et la séance de vote a, par conséquent, été renvoyée à la semaine prochaine». Aux dires de ce dernier, le programme du gouvernement unitaire est l’objet de divergences entre les députés. Selon un autre parlementaire, Khalifa Al Daghari, les désaccords portent sur l’ordre du jour même de la séance, certains députés plaident en effet pour un vote sur l’inclusion de l’accord politique conclu en décembre à Skhirat (Maroc) dans la Constitution de 2011 avant le vote sur le gouvernement d’union. Ce Parlement, exilé à Tobrouk dans l’est du pays, était réuni depuis samedi pour discuter de la composition et du programme de travail du gouvernement d’union, formé de 18 membres et dirigé par le Premier ministre, Fayez Al Sarraj. Un premier gouvernement de 32 ministres, proposé par Al Sarraj, a été rejeté le 25 janvier par ce même Parlement. La Libye, divisée entre deux autorités rivales installées à Tobrouk et Tripoli et déchirée par les violences entre factions armées, est confrontée en parallèle à une montée en puissance du groupe djihadiste Etat islamique (EI). Les Occidentaux, inquiets de l’implantation de l’EI à quelques centaines de kilomètres seulement de l’Europe, se disent prêts à contribuer au rétablissement de la sécurité en Libye à condition qu’un gouvernement d’union nationale en fasse la demande. Vendredi, des avions de combat américains ont bombardé un camp d’entraînement de l’EI près de Sabrata, à l’ouest de Tripoli, faisant quelque 50 morts. Selon le Pentagone, le raid a «probablement provoqué la mort de Noureddine Chouchane, un cadre opérationnel de l’EI» soupçonné d’être derrière deux attaques en 2015 en Tunisie revendiquées par l’EI : contre le musée du Bardo à Tunis en mars, qui a fait 22 morts, et sur une plage près d’un hôtel de Sousse en juillet qui a fait 38 morts, dont 30 Britanniques. Naufrage avec trois commandants de bord En attendant le vote tant attendu par l’Occident du gouvernement d’union, la Libye fonctionne avec trois autorités. Il y a un «gouvernement provisoire» dans l’Est. Il a vu le jour en septembre 2014 et bénéficie de la reconnaissance de la communauté internationale étant donné qu’il est issu d’un Parlement élu, lui aussi exilé dans l’Est. Présidé par Abdallah Al Theni, il siège à Baida et étend son contrôle sur la plupart des régions de l’Est grâce à des forces qui lui sont loyales. Il est soutenu par un Parlement siégeant à Tobrouk. Le mandat de ce gouvernement dit «provisoire» est censé prendre fin dès qu’un gouvernement d’union nationale bénéficiera de la confiance du Parlement. Suit le «gouvernement de salut national» à Tripoli, installé depuis septembre 2014 à Tripoli, qui «gère» la capitale et la plupart des régions de l’Ouest avec l’appui de Fajr Libya, une coalition de milices en partie islamistes. Ce gouvernement ne jouit d’aucune reconnaissance internationale étant donné qu’il découle d’un Parlement, à savoir le Congrès général national (CGN), dont le mandat est expiré depuis février 2014, mais qu’il a lui-même prolongé. Enfin, il y a le gouvernement d’union nationale. Il est issu du Conseil présidentiel, une instance présidée par l’homme d’affaires tripolitain Fayez Al Sarraj et créée après la signature, en décembre à Skhirat au Maroc, de l’accord politique sous l’égide l’ONU. Il a annoncé, le 19 janvier, la formation d’un cabinet de 32 ministres qui doit succéder au gouvernement provisoire de Abdallah Al Theni. Mais ce gouvernement a été rejeté par les députés de Tobrouk qui ont réclamé qu’une équipe plus restreinte lui soit proposée. Cette autorité n’existe pas encore mais les communiqués de son Conseil présidentiel portent le sceau «Etat de Libye - gouvernement  d’union nationale». Selon l’accord politique de Skhirat, ce gouvernement d’union est censé siéger dans la capitale Tripoli. Ce qui est irréaliste  tant que le CGN et le gouvernement de salut national contestent son existence.  

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