mardi 27 septembre 2016

Les experts peu enthousiastes

Selon les experts, les divergences économiques et politiques des pays membres de l’Opep freinent un possible accord. Les avis des experts continuent à alimenter l’actualité phare de ces derniers jours, à savoir la tenue de la réunion informelle de l’OPEP, demain à Alger. Malgré l’optimisme affiché par le ministre de l’Energie, Noureddine Boutarfa, sur la possibilité de convoquer une réunion extraordinaire «séance tenante» à Alger permettant une prise de décision, beaucoup d’analystes affirment que les principaux pays producteurs de pétrole «ne devraient pas trouver d’accord pour geler la production et faire remonter les prix, mais, au mieux, convenir de la nécessité d’une stabilisation du marché». Interrogé par l’AFP, l’ex-directeur des marchés et de la sécurité énergétiques à l’AIE, Didier Houssin, aujourd’hui président de l’Institut français du pétrole  IFP Energies nouvelles, s’attend plus à «un propos un peu lénifiant sur la   nécessité de continuer à suivre le marché (...) et de stabiliser la production. Sans mesures contraignantes, sans quotas spécifiques». Mettant en avant les facteurs politiques et économiques qui empêchent les pays membres de l’OPEP de se mettre d’accord sur une stratégie commune à même d’influer le marché pétrolier, Olivier Appert, également ancien directeur à l’AIE, estime de son côté que «l’OPEP, dans le contexte actuel, n’existe plus parce que les divergences politiques sont telles que le secrétaire général a bien du mal à contrôler quoi que ce soit». Quant au rôle que pourraient jouer les pays non membres de l’OPEP, certains analystes pensent que c’est surtout la Russie, deuxième grand producteur mondial de pétrole, qui pourrait peser de son poids sur toute décision prise par l’OPEP. Mais, tempère Pierre Terzian, directeur de la revue Pétrostratégies, «on n’a jamais vu les Russes, jusqu’à présent, réduire ou geler leur production». «Ils le déclarent, mais est-ce qu’ils le feront réellement», s’interroge-t-il. Ne reste que l’Arabie Saoudite, principal producteur mondial de brut, qui peut changer la donne actuelle du marché pétrolier si elle décidait de réduire ou de geler sa production. Sur ce point, l’analyste pétrolier chez Société Générale, Thierry Bros, estime que «pour Riyad, une remontée trop prononcée des cours reviendrait pourtant à se tirer une balle dans le pied : cela stimulerait la production des Etats-Unis qui, après un coup de frein dû à la faiblesse des cours, s’adapte au nouvel environnement des prix grâce à des innovations technologiques. Si vous coupez, les prix remontent, vous en profiterez un peu mais d’autres en profiteront plus que vous». Rejoignant le même avis, Diane Munro, analyste à Arab Gulf States Institute, a confié à l’APS qu’en  raison de plusieurs obstacles, il est «très difficile pour l’OPEP d’arriver à un consensus sur les niveaux de réduction ou de gel de la production de chaque pays membre». Pour elle, même si un accord est conclu à l’OPEP, il aura peu d’effet car si cette organisation réduisait son niveau de production, les producteurs non OPEP augmenteraient leur production. L’OPEP demeure le «plus important» fournisseur mondial en pétrole, mais sa capacité à influencer le marché dépend d’autres facteurs, dont la production du schiste à faible coût, a-t-elle conclu.

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