Dans un monde où l’internet n’est plus un luxe mais un besoin et une nécessité pour toutes les franges de la société, tout se digitalise, de la vie quotidienne jusqu’au monde de l’économie et du business. En Algérie, la situation est un peu complexe. L’économie numérique est encore dans un état de balbutiement. La demande de produits et services web ne fait que prendre de l’ampleur, exigeant beaucoup de potentiel technique mais surtout une ressource humaine qualifiée, compétente et surtout formée. De facto, le marché de l’emploi vire vers le digital. A travers des jeunes développeurs de sites web, des data scientists, des web marqueteurs et des community managers, les besoins du monde du travail digital et surtout la passion pour ce monde qui bouge est bien palpable. Ryad Zenine, 26 ans, data scientist et cofondateur de l’entreprise Big Mama : Dans la passion des algorithmes En tant que data scientist, ma mission est le traitement et la valorisation de données massives, ou ce qu’on appelle «big data». Concrètement, cela consiste en des modèles statistiques probabilistes pour faire des prédictions. A titre d’exemple : une personne qui navigue sur YouTube et qui vient d’écouter 3 chansons, l’algorithme derrière, fait par un data scientist, peut faire sortir une série de 6 autres chansons qui peuvent lui plaire. Donc en fait, selon l’historique de recherche d’un internaute et d’un modèle déjà pré-établi sur un groupe d’utilisateurs internet, nous pouvons sortir un modèle de suggestions. Le travail d’un data scientist n’est pas de donner des suggestions mais d’établir l’algorithme qui le fera automatiquement. En tant que mathématicien de formation, ce monde d’algorithme me va très bien. La notion de challenge intellectuel est passionnante. Le défi de réaliser les choses que les gens ordinaires taxent d’impossible, est un véritable enjeu que nous affrontons avec brio tous les jours. La chose la plus difficile dans mon métier n’est pas de faire un algorithme mais de construire le bon algorithme. Il s’agit de savoir anticiper et analyser les données et en connaître les retombées et leur impact pour être de bons guides et analystes. Pour ce faire, il faut une grande compréhension du monde réel et du contexte économique du client ou de l’entreprise. Pour être un data scientist, il faut à la base être mathématicien et avoir une base solide en informatique. Comparativement au développement web ou d’application, le travail d’un data scientist est bien plus compliqué. Pour le faire, il faut avoir une double casquette : informaticien et mathématicien à la fois pour pouvoir mettre en place les algorithmes. Cela n’est pas tout, puisqu’il est également indispensable dans le profil du data scientist d’être un bon communi cant et d’avoir des connaissances dans la stratégie, notamment d’entreprise pour mettre ses services au profit du marché. Un profil compliqué difficile à trouver sur le marché du travail algérien. Adel Bensalah, 25 ans, community manager et chef de l’entreprise Stilioo : Un métier difficile non pris au sérieux Le community management est une branche du marketing digital. Ce dernier concerne tout ce qui est référencement et la partie network contrairement au community management qui concerne exclusivement le monde des réseaux sociaux. En Algérie, les marques ont pris conscience de l’importance du marketing digital et investissent aujourd’hui plus dans Facebook que dans les autres plateformes sociales. Le souci aujourd’hui est dans l’absence de compétences dans ce domaine, que ce soit en marketing digital ou en community management. Pour être community manager, il faut absolument avoir un esprit créatif et maîtriser la langue dans laquelle on s’adresse aux internautes, que ce soit le français ou l’arabe ou toutes autres langues. Si ces deux paramètres sont disponibles, le diplôme ou la formation compte peu. La formation dans ce domaine peut venir sur le tas mais la disponibilité d’une formation dédiée à cela nous évitera un long chemin à la quête des compétences. En Algérie, nous en tant que community managers, nous rencontrons le fameux problème identitaire qui nous met dans l’embarras du choix de la langue avec laquelle nous communiquons. Contrairement aux idées reçues, être un community manager n’est pas du tout une chose aisée. Pour l’anecdote, mes parents m’ont toujours dit d’aller chercher un vrai travail et que le travail sur internet n’existe pas. Nous ne sommes pas payé pour rester sur Facebook mais pour communiquer avec le consommateur et faire valoir l’image de marque des entreprises. La passion pour le web et pour les relations humaines m’ont fait plonger dans ce monde. Saadeddine Benbachir, 34 ans, développeur de site web et fondateur de l’agence web SB-Agency : Le train marche, il faut juste monter Le développement rapide des technologies de l’information et de la communication et la concurrence mondiale a fait que les entreprises privées et étatiques aillent obligatoirement vers l’économie numérique. Le train est en marche, nous devons juste monter. Même s’il y a un panel très varié de métiers sur le web, les plus demandés aujourd’hui en Algérie sont les développeurs web et les créateurs d’application mobile. En tant qu’ingénieur informatique, le choix d’aller vers le développement web s’est fait naturellement. Il faut dire que le premier poste de travail que nous trouvons dès notre sortie de l’université détermine notre carrière professionnelle. Pour moi, ce critère a joué un rôle mais aussi ma passion pour le développement web depuis le lycée. J’ai occupé plusieurs postes, puis travaillé en freelance pour m’installer aujourd’hui à mon propre compte. Mais comme tout projet, il faut avoir une force marketing pour faire valoir son produit. Le web marketing est également indispensable, même pour les produits web. Ce qui a joué également sur mon atterrissage dans ce monde de codage, la tendance de mon époque qui virait vers tout ce qui est web et internet. Avec ma passion déjà présente, je n’ai fait que surfer sur la vague. Pour créer un site web, il n’est pas nécessaire d’être ingénieur informatique, sauf lorsqu’il s’agit d’un site compliqué. Par contre, il est demandé un minimum de compétences pour monter un projet de logiciel, de site web compliqué avec beaucoup de features ou carrément un site de base de données. On ne peut pas dire que le métier de développeur web est un métier qui rapporte puisque un site web peut coûter de 10 000 DA à 70 millions d’euros. Une chose est sûre, c’est un métier d’actualité et d’avenir.
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