lundi 24 avril 2017

L’autonomie, une idée qui bute sur le mur du jacobinisme

Autonomie, régionalisation, fédéralisme… Le débat autour de la nouvelle réorganisation de l’Etat prend forme sur la scène nationale. Certes le tabou, en vigueur au nom de «l’unité nationale», est encore difficile à briser, mais des fissures sont déjà visibles sur les murs de l’Etat jacobin hérité du colonialisme français. Plusieurs propositions sont désormais sur la table. Elles vont de la mise en place d’une véritable décentralisation à la sécession. Plusieurs acteurs, partis et mouvements appellent aujourd’hui, et sans complexe, à revoir entièrement la vision sur la gestion des affaires du pays. Mais ils butent, toujours, sur les tenants du pouvoir qui opposent «le risque de désintégration de l’unité du pays» à toutes nouvelles idées pouvant ébranler leur hégémonie. En effet, la demande portant sur l’abandon de l’Etat centralisé ne date pas d’hier. Dans les années 1980, le leader du FFS, le défunt  Hocine Aït Ahmed, avait, en réaction à la répression des manifestants d’Avril 1980, évoqué, pour la première fois, le principe «d’autonomie régionale». Dans une intervention sur la chaîne française Antenne 2, il a lancé aussi d’autres concepts inconcevables pour le régime de l’époque, tels que «le régionalisme positif et démocratique pour ramener le pouvoir au niveau populaire». Au début des années 1990, un autre moudjahid, Salah Boubnider, a secoué aussi le statu quo en place depuis 1962 avec une proposition similaire. Dans une de ses sorties publiques, il rappelle la «nécessité de doter les régions d’une certaine autonomie qui, loin d’affaiblir l’Algérie, la renforcerait». «Les plus grandes nations sont à régime fédéral», disait-il en citant les Etats-Unis, la République fédérale allemande, la Suisse ou encore l’Espagne. La revendication prend la forme de projets Avec l’événement du pluralisme politique, des partis se saisissent de ces idées pour présenter, dans le cadre de leurs programmes politiques, des projets pour en finir avec le centralisme étouffant. Il s’agit du FFS et du RCD. Ces deux formations se sont distinguées, effectivement, par des propositions sur l’organisation de l’Etat qui tranchent avec le discours officiel. Le premier a mis en avant les idées du fédéralisme et de régionalisation positive évoquées par son leader historique, Hocine Aït Ahmed. Le second a développé le concept de régionalisation modulable en prenant pour référence le découpage adopté lors du Congrès de la Soummam avec la création de six wilayas. Le RCD propose de porter ce nombre à 12 régions en tenant compte des spécificités locales. Mais face à l’entêtement du pouvoir, les projets n’ont fait l’objet d’aucun débat national et public. Suite aux événements du Printemps noir en 2001, un autre mouvement a vu le jour. Il s’agit du Mouvement pour l’autonomie de la Kabylie (MAK) qui exige «l’autonomie de la région». A l’époque, son chef de file, Ferhat Mehenni, a demandé de soumettre la proposition à référendum. Sans suite. Avec le temps, le MAK radicalise encore sa position en prônant l’indépendance de la Kabylie. Ferhat Mehenni a créé, dans la foulée, le gouvernement provisoire kabyle (GPK). Tout récemment, un nouveau mouvement a vu le jour : Rassemblement pour l’autonomie de la Kabylie (RPK). Ce dernier se démarque de la démarche de Ferhat Mehenni. L’idée de l’autonomie a gagné aussi d’autres régions, à l’image de la vallée du M’zab et des Aurès.  

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