Le prix Ali Bey Boudoukha récompensant le meilleur article d’investigation de la presse algérienne pour l’année 2017 a été attribué mercredi dans la soirée au journaliste Tarek Hafid pour son enquête publiée dans Le Soir d’Algérie le 15 février 2017 et intitulé : «Industrie du phosphate : Un engagement de 15 milliards de dollars avec une entreprise fantôme». La cérémonie de remise du prix (un chèque de 400 000 DA) a eu lieu au restaurant La Cabane, à Chéraga (Alger), en présence du personnel de Maghreb Emergent, du Huffington Post Algérie et de Radio M — trois médias édités par l’agence Interface Médias —, ainsi que des membres de la famille Boudoukha, des journalistes et des personnalités politiques. Le jury, présidé par l’ex-journaliste de la radio Lotfi Madani, a estimé, à l’unanimité, que l’article de Tarek Hafid, qui porte sur un cas d’annonce sans suite d’un grand investissement, est celui qui se rapproche le plus des techniques de l’investigation : tentative de consulter plusieurs sources et nombre de spécialistes du sujet ou témoins, révélation de faits inédits. Le jury a également apprécié la qualité de l’article «Reggane : Le blues de la ''Gerboise bleue''», coécrit par Mohamed Saïm et Réda Mennasel et publié dans Liberté, le 15 juin 2017. Il leur a décerné un prix d’une valeur de 50 000 DA chacun, reconnaissant en leur article un travail d’une grande sensibilité mais qui reste, selon Lotfi Madani, loin de l’esprit du travail d’investigation. «Le thème peut faire l’objet d’investigations plus poussées de la part des journalistes. Il y a des choses à découvrir et à révéler», un clin d’œil de Lotfi Madani. Pour rappel, le prix, qui porte le nom de feu Ali Boudoukha, un des fondateurs d’Interface Médias, a été institué en 2014 mais n’a pas été décerné en 2015 et 2016. Le lancement de sa seconde édition a été annoncé le 4 janvier dernier. Toutefois, six candidats seulement ont participé au concours, ce que déplore Lotfi Madani. Selon lui, cela est dû aux conditions difficiles que vit le journalisme d’investigation en Algérie : difficile accès aux sources d’information, des garanties insuffisantes de protection de ses sources, des journalistes confrontés à de multiples intimidations de la part du pouvoir politique et économique, sans parler des risques de poursuites judiciaires dans un pays où la justice, dit-il, n’est pas indépendante. Il est nécessaire à son avis de renforcer les moyens humains et matériels que les éditeurs de presse doivent fournir aux journalistes pour faire de l’investigation. Pour sa part, El Kadi Ihsane a expliqué que ce prix a été créé pour rendre hommage à notre collègue Ali Bey Boudoukha, décédé en novembre 2011. «Aujourd’hui, le prix qui essaye de récompenser le meilleur article, qui essaye de faire réfléchir la presse sur la pratique de l’enquête est devenu presque une nécessité. Il faut cultiver la culture de l’investigation. Ali Bey a été finalement un prétexte pour instaurer cette exigence vis-à-vis de nous-mêmes».
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