Le gouvernement brise le tabou de la révision du système des subventions. Après des décennies de rejet de toute idée de changement dans la «politique sociale de l’Etat», l’Exécutif franchit le pas, sous la pression de la crise financière, et tente de constituer un large consensus autour de cette démarche. Non encore définie, cette dernière, esquissée en juin par le Premier ministre, Abdelmadjid Tebboune, devra porter notamment sur le ciblage des subventions. Cela signifie que l’accès à ce «privilège national» sera limité, après élaboration de la nouvelle politique, à la seule frange des nécessiteux. Mais des interrogations s’imposent déjà. Sur quels critères se basera le gouvernement pour mettre en place sa nouvelle politique ? Réussira-t-il à convaincre l’opinion et les partenaires politiques et sociaux ? La tâche n’est pas aisée. Conscients de la lourdeur du dossier et de sa sensibilité, les tenants du pouvoir ont entamé une campagne de sensibilisation sur la nécessité d’aller vers cette réforme. En effet, la préparation du terrain au futur dialogue national sur ce sujet est en cours depuis quelques semaines. Après Abdelmadjid Tebboune qui avait annoncé la nouvelle démarche à l’occasion de la présentation de son plan d’action au Parlement, la Présidence s’est engagée dans la même ligne en invitant, à l’occasion de la Fête de l’indépendance (5 juillet), les Algériens à assumer cet effort pour faire face à la crise économique actuelle. Le prix de la paix sociale Ainsi, le pouvoir avoue implicitement l’échec de sa politique axée sur l’achat de la paix sociale, dont le prix devient insoutenable pour le Trésor public. Depuis l’éclatement des événements qualifiés de «printemps arabe», les autorités ont usé et abusé, au nom du «caractère social de l’Etat», des subventions. Pour éviter toute révolte populaire similaire aux émeutes de janvier 2011, le gouvernement, sur ordre du président Bouteflika, a dégagé d’importantes enveloppes pour soutenir encore davantage les prix des produits de large consommation. La décision a concerné, non seulement la semoule, l’huile, le lait et l’énergie, mais aussi l’aliment de bétail et d’autres produits. La facture a été alourdie encore par la multiplication des aides aux logements, à la création des entreprises dans le cadre de l’Ansej et aux soins. Au fil des années, ces aides deviennent des acquis pour les citoyens. Leur suppression et leur révision à la baisse pourraient provoquer une crise sociale sans précédent. C’est pourquoi, le pouvoir tente d’associer tout le monde à l’élaboration de sa nouvelle politique «impopulaire». Mais les premières réponses venant des partis politiques de l’opposition et de certaines organisations syndicales n’augurent rien de bon pour l’équipe de Abdelmadjid Tebboune. Ces derniers désignent d’emblée une ligne rouge qu’il ne faut pas franchir, à savoir la «remise en cause des acquis sociaux»…
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