R edha Malek, acteur de la Guerre de Libération nationale et politicien racé, a été aussi un auteur confirmé. Son ouvrage le plus important est : L’Algérie à Evian : histoire des négociations secrètes, 1956-1962, publié en 1995 chez Dahlab et le Seuil. Membre de la délégation FLN pendant ces Accords, Redha Malek revient sur cette période cruciale de la guerre en révélant des aspects parfois inconnus même de ses contemporains. A sa parution, l’historien Charles-Robert Ageron encense à raison l’auteur, il résume : «Ecrit d’une plume alerte, cet ouvrage est à la fois le récit vivant d’un mémorialiste, mais aussi l’étude précise des négociations secrètes qui s’échelonnèrent de 1956 à 1962.» Ageron signale dans sa recension que l’ouvrage réédité par l’ANEP et vite épuisé «s’imposera comme un remarquable plaidoyer historique, une défense et illustration de la politique du GPRA». Evoquant ce livre, Fouad Soufi, historien et ancien conservateur en chef aux Archives nationales d’Algérie, parle d’ «un texte important» dont le rédacteur a su «prendre du recul» par rapport à une période qu’il a intimement vécue. «Le livre permet d’avoir un autre discours que celui des Français qui ont eux aussi écrit sur cet épisode. Redha Malek est un témoin essentiel de l’histoire de l’Algérie. Il a fait ce qu’il devait faire. Sa vie n’a pas été de tout repos. Alors que ses compagnons, parfois plus âgés, ont préféré se retirer, lui a continué son activité. D’ailleurs, il ne faut pas oublier sa carrière d’ambassadeur. A un jeune âge, la trentaine, il était ambassadeur et pas dans n’importe quelle capitale, à Paris (1965-1970), où il a négocié avec De Gaulle la récupération de la base navale de Mers El Kébir», signale Soufi. Abdelmadjid Merdaci, historien et sociologue, évoque un «observateur singulier». «L’homme a écrit sur l’arrêt du processus électoral, un livre inconnu. C’était un grand républicain. Un militant de la modernité», résume l’historien (voir contribution). Redha Malek s’est intéressé à l’histoire islamique, son livre Tradition et révolution (Sindbad, Anep) est une somme intéressante sur l’aire géographique qui a abandonné l’héritage rationnel d’Ibn Rochd (Averroès) et des Mutazilites. Nommé membre du Haut comité d’Etat, Malek témoigne sur l’histoire récente du pays en publiant un livre qui n’a pas eu une large diffusion : Arrêt du processus électoral, enjeux et démocratie. L’Empreinte des jours, son dernier essai publié chez Casbah éditions en 2013, consigne des réflexions sur la vie, la sienne surtout, bien remplie. L’ancien Sorbonnard et rédacteur en chef d’El Moudjahid pendant la guerre révèle, à travers ce formidable texte, un auteur important dont le style relevé nous renseigne sur son érudition. «Homme de parole, Redha Malek n’admet pas que s’avilisse la monnaie verbale, expression et garantie de la bonne foi de tout penseur», souligne l’écrivain Djilali Khellas à la parution du livre. L’empreinte de l’homme restera. Fouad Soufi, observateur pondéré de notre temps, le confirme : «Redha Malek a la dimension des grands hommes qui, malgré la mort, resteront là, éternellement.»
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