Les appels de certains acteurs politiques et de la société civile en direction de l’armée lui demandant d’intervenir dans le jeu politique sont pour l’instant sans réponse. Pour la deuxième fois en moins d’une année, le chef d’état-major de l’armée a exprimé, publiquement, la volonté de l’institution militaire à rester dans son cadre «institutionnel» et à demeurer «fidèle» à son chef suprême, à savoir le chef de l’Etat. Dans un discours prononcé hier à Constantine, le vice-ministre de la Défense nationale, Ahmed Gaïd Salah, a rappelé à l’opinion publique que l’armée est astreinte à des «obligations institutionnelles». «L’Armée nationale populaire demeurera (…) une armée républicaine, engagée à défendre la souveraineté nationale et l’intégrité territoriale du pays, protégeant l’indépendance. Cet acquis que notre peuple a dû concrétiser péniblement avec le sang et les larmes», a ainsi indiqué le premier soldat du pays. Il a ajouté que l’ANP est «une armée qui assure amplement ses missions constitutionnelles en dépit de la nature de toutes les circonstances». Autrement dit, l’armée algérienne n’interférera pas dans le jeu politique quels que soient les chefs civils qui dirigeront le pays. La sortie d’Ahmed Gaïd Salah n’est pas nouvelle. Mais les allusions au cadre constitutionnel dans lequel devra travailler l’armée «quelles que soient les circonstances» et son attachement à la Constitution sont un message on ne peut plus clair à ceux qui appellent les militaires à intervenir dans le choix du successeur à l’actuel chef de l’Etat. Des appels parfois sibyllins mais suffisamment insistants de certains hommes politiques demandent en effet à l’institution militaire d’aller plus loin : imposer l’application de l’article 102 de la Constitution qui consacre la vacance de la fonction présidentielle. Si les salons algérois bruissent de rumeurs sur les prétentions présidentielles d’Ahmed Gaïd Salah, ce dernier ne s’exprime publiquement sur la politique qu’à de très rares occasions. C’est dans ce cadre, qu’il s’est senti obligé de signer lui-même un commentaire dans la revue El Djeïch, en novembre 2011, pour rappeler à l’opinion publique qu’il n’avait pas l’intention d’opérer un coup d’Etat. «Dans un passé très proche, certaines voix, mues par des intérêts étroits et des calculs personnels, s’étaient élevées, pour appeler ouvertement l’Armée nationale populaire à violer la Constitution et la loi afin qu’elles puissent réaliser ce qu’elles n’avaient pu obtenir par des voies constitutionnelles, légales et démocratiques», avait en effet écrit le général de corps d’armée. «La cohésion entre l’Armée nationale populaire et le peuple algérien, ainsi que la loyauté envers la nation sont plus profondes et plus fortes pour être ébranlées par les vaines et désespérées tentatives visant à semer le trouble et la division», notait également le chef d’état-major de l’ANP, en poste depuis 13 ans. Le rôle de l’armée dans le jeu politique dans le pays a toujours fait polémique. Depuis que l’armée a pris la direction du pays en main après l’arrêt du processus électoral en janvier 1992, jusqu’au choix porté sur Abdelaziz Bouteflika comme «candidat du consensus» en 1999, en passant par l’élection de Liamine Zeroual 4 ans auparavant, elle était au centre du jeu politique. Mais durant les 4 mandats de Abdelaziz Bouteflika, le rapport de forces a graduellement changé en faveur de la présidence de la République. Au fil des ans, d’autres acteurs, appuyés notamment par des hommes d’affaires qui gravitent autour du cercle présidentiel, comptent également dans le jeu institutionnel.
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