- Une jeune femme est décédée à Djelfa après avoir mis au monde un enfant mort-né sur la route, suite à plusieurs refus d’admission dans des hôpitaux. Ce drame met à nu les défaillances d’un système de santé. Quel est votre commentaire sur cette affaire ? Oui, c’est une affaire dramatique. Mais j’oserai dire que c’était prévisible. Nous sommes en été, les départs en congé des uns et des autres ralentissent les services et induisent des dysfonctionnements. Il y a un travail de gestion qui doit venir répondre à cette situation. Cette triste affaire aurait pu et aurait dû être évitée, si des prévisions avaient été menées en matière de capacité d’accueil en lits et en couveuses, mais aussi en personnel médical de garde, notamment dans les zones les plus reculées. Il est inacceptable et inconcevable qu’on puisse mourir dans ces conditions en Algérie, en 2017. - Pensez-vous que les coupables ont été désignés un peu trop vite ? Cette affaire pose un problème de responsabilité. Trois sages-femmes, deux agents administratifs et un médecin ont été incarcérés. Trois enquêtes ont été ouvertes, une enquête judiciaire, une enquête administrative et une enquête diligentée par une commission de la Ligue des droits de l’homme. La gestion de cette affaire est gênante. Je pense qu’une décision de justice ne se discute pas, mais on est en droit de la comprendre. Je pense que l’incarcération de ces pauvres gens ne répond pas à la gravité de la situation. De même qu’il n’est pas normal que le ministère de la Santé se porte partie civile alors qu’il est partie prenante. Ce ne sont pas les réponses adaptées à cette situation. La solution existe, pourtant. Elle est compromise par un manque de volonté politique. - Quelle est, d’après-vous, la solution ? D’abord, le service civil est un système coercitif et non productif qui doit être remplacé par une stratégie plus efficace pour amener et motiver les médecins à s’installer de leur propre gré dans les zones isolées. Il y a un travail de répartition à faire et cela dépend de la carte sanitaire. Il faut établir des prévisions pour éviter ce genre de drame et non agir et légiférer dans la précipitation. Je prendrai pour exemple la décision toute récente de soumettre les médecins pratiquants dans des cabinets privés à faire des gardes. Cela ne servira à rien. Encore une fois, on réagit alors que nous avons toute la latitude de prendre des dispositions prévisionnelles et préventives.
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