L a visite en France de Tayeb Zitouni s’est achevée, jeudi soir, après trois jours d’intenses pourparlers à huis clos avec des hauts responsables politiques et parlementaires français. Il rentre à Alger de cette virée parisienne, inédite pour un ministre des Moudjahidine, avec la promesse de régler toutes les questions passionnées qui minent les relations bilatérales entre l’Algérie et la France depuis l’indépendance. En tout, M. Zitouni a évoqué une dizaines de dossiers avec Jean-Yves Le Drian, ministre de la Défense, et Jean-Marc Todeschini, secrétaire d’Etat chargé des Anciens combattants et de la Mémoire. Il s’est entretenu également avec Gérard Larcher et Claude Bartolone, respectivement présidents du Sénat et de l’Assemblée nationale. A chaque sortie d’une discussion, le ministre algérien et les responsables français ont réaffirmé leur volonté de régler «sérieusement», «rapidement» et «définitivement» les questions liées à la mémoire. A en croire leurs déclarations, les travaux des commissions mixtes sur les trois dossiers épineux des archives, des disparus et des victimes des essais nucléaires vont s’accélérer les prochains jours. Leurs premiers résultats devront être examinés lors de la prochaine session du Comité intergouvernemental de haut niveau algéro-français. En revanche, rien n’a filtré sur la fâcheuse question des «excuses». «Nous devons traiter ces dossiers de mémoire d’une manière apaisée, avec sérieux et responsabilité. Nous devons dépasser nos tabous et profiter des relations amicales actuelles entre l’Algérie et la France pour régler ces questions définitivement, dans l’intérêt des deux peuples et des deux Etats», a déclaré M. Zitouni, à l’issue de son entrevue mardi avec Jean-Marc Todeschini. Concernant la possibilité de régler concrètement les questions complexes en suspens, le ministre des Moudjahidine reste très optimiste. «La constitution des commissions de travail est en elle-même un pas en avant positif dans la normalisation des relations algéro-françaises sur la question de la mémoire. Nous avons réussi à la ramener enfin au même niveau de nos relations économiques et culturelles. Nous allons donc ensemble dans la bonne direction afin de régler toutes ces questions», a-t-il estimé en marge de sa rencontre, avant-hier, avec Jean-Yves Le Drian. Ce dernier a d’ailleurs parlé d’«un moment d’émotion» pour qualifier la symbolique d’une première rencontre sur le territoire français d’un ministre algérien des Moudjahidine et d’un ministre français de la Défense. «Nous avons discuté autour des questions des archives, des disparus et les compensations pour les victimes des essais nucléaires. Ce sont là des sujets qui étaient parfois épineux. Mais nous avons trouvé le moyen de faire avancer les choses car nous nous sommes mis d’accord sur une méthode», a-t-il précisé. Cette méthode serait l’apaisement entretenu désormais par les responsables politiques des deux pays ; d’abord, dans leurs discours publics depuis 2012, et ensuite dans les négociations au sein des commissions mixtes chargées de trouver des solutions satisfaisantes pour les deux parties, voire des compromis, dont peut-être le renoncement de notre pays à revendiquer des excuses officielles à la France concernant ses crimes coloniaux.
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