dimanche 31 janvier 2016

Fertial ferme son usine d’Arzew

Les inquiétudes affichées par le syndicat national des travailleurs de la société hispano-algérienne des fertilisants d’Algérie Fertial quant à l’imminente fermeture de ses deux unités, dont une à Annaba et l’autre à Arzew, se sont avérées fondées. En effet, depuis le 25 janvier, l’unité d’Arzew a fermé ses portes en mettant ses installations de production d’ammoniac à l’arrêt en l’absence d’autorisation d’exportation de sa production, dont les capacités de stockage de l’usine ont atteint la saturation, avons-nous appris du partenaire social. Le personnel en activité sur ce site a été déployé pour des tâches d’entretien avant d’être mis au chômage technique. Les appréhensions hantent l’esprit des ouvriers de l’unité de Annaba qui, pour leur part, craignent le même sort dans un délai d’une semaine. Qualifié de réussi, ce partenariat qui date de 2005 entre l’espagnol Grupo Villar Mir (qui détient 66% des actifs) et le groupe algérien Asmidal  (avec 34% du capital) est désormais menacé. Comment peut-on concevoir que l’Algérie qui, dans une conjoncture macroéconomique des plus incertaines et souffrant de la baisse drastique des cours du pétrole, sa seule ressource en devises, puisse se priver de cette manne financière ? Cette question et tant d’autres taraudent l’esprit des travailleurs qui n’arrivent plus à comprendre les raisons pour lesquelles on bloque l’exportation de l’ammoniac de leur société. Saisie, la Fédération nationale des travailleurs du pétrole, gaz et chimie (FNTPGC) a immédiatement réagi. Conscient de la gravité de cette situation, Sid Ali Beldjerdi, s‹on secrétaire général, s’est fendu d’une lettre adressée au ministre de l’Industrie et des Mines, Abdesselam Bouchouareb, l’appelant à intervenir a‹vec céléritépour traiter ce problème. «L’existence de la société Fertial est hypothéquée par le refus de lui accorder, ces derniers temps, des autorisations d’exportation, comme cela a été de rigueur auparavant et pour lesquelles Fertial s’est toujours soumise avec un respect strict à la réglementation. La non-délivrance de ces autorisations, sans que soit avancé aucun motif, fait que cette entreprise connaît une situation de surstockage qui l’obligera à arrêter ses unités de production faute d’enlèvement du produit à cause du refus inexpliqué et injustifié de la part des services concernés.» Et de prévenir : «Plus que pénalisante, cette attitude risque d’anéantir à jamais les efforts consentis et les lourds investissements effectués pour permettre à Fertial de relever tous les défis et de devenir un acteur incontournable à l’international dans le domaine des fertilisants.» En effet, après avoir «algérianisé» son staff dirigeant, Fertial affiche une grande ambition à l’horizon de 2018 à travers un important projet d’investissement, évalué à plus de 360 millions de dollars, dont une grande partie sur fonds propres. Déjà entamé, cet investissement vise, selon sa fiche technique, la rénovation des trois unités d’ammoniac, la fiabilisation et la sécurisation des sites, l’augmentation des capacités annuelles de +40% pour les porter à plus de 1,2 million de tonnes d’ammoniac par année. Sur le plan énergétique, il a déjà été procédé à la réduction de 21% de la consommation de gaz par tonne d’ammoniac produite, passant de 45,1 MMBTU/tonne à 35,6 MMBTU/tonne. «Il y a lieu de s’interroger sur ce blocage administratif injustifié qui obligera les responsables de Fertial à mettre au chômage technique, hormis le réseau de sous-traitant, quelque 1200 travailleurs directs et autant indirects au niveau des deux sites de Annaba et Arzew. Ce qui engendrerait non seulement des pertes énormes pour l’entreprise, mais aussi l’annulation de ses commandes faites par ses différents clients et, par ricochet, le désengagement total de ces derniers. C’est dire que ce blocage, sans aucune raison apparente, porte atteinte à différents secteurs de l’économie nationale. Nous ne pouvons qu’alerter au plus haut niveau pour mettre un terme à cette situation dont les conséquences sont aussi graves que désastreuses», conclut le chef de file de la Fédération nationale des travailleurs du pétrole, gaz et chimie. 

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