Le secrétaire général du RND et directeur de cabinet de la Présidence, Ahmed Ouyahia, est, depuis quelques jours, en campagne pour défendre le bilan économique du pouvoir. Face à la crise financière qui va s’aggravant et les critiques de l’opposition qui reproche au régime du président Bouteflika d’avoir «jeté par les fenêtres» l’énorme recette des exportations des hydrocarbures, il donne une réponse évasive : «Les 800 milliards de dollars de recettes pétrolières ont été dépensés pour le développement du pays.» Mais sans donner de détail de ces dépenses ni expliquer pourquoi le pays se retrouve, 16 ans après, dans une crise économique aiguë. Il ne dit pas non plus comment ce «développement du pays» a débouché sur le retour à l’austérité après avoir favorisé la généralisation de la corruption, la hausse vertigineuse de la facture des importations et l’émergence de nouveaux riches. Depuis 1999, le président Bouteflika et ses différents gouvernements se sont fixé un but, celui de sortir le pays de sa dépendance des hydrocarbures. Aidé par l’augmentation des prix de l’or noir, le pouvoir a lancé de nombreux plans pour relancer l’économie du pays : Plan de soutien à la relance économique (PSRE), Plan complémentaire de soutien à la croissance économique (PCSRE) ainsi que des programmes d’investissement annoncés depuis 2009. Dotés d’enveloppes budgétaires astronomiques, ces programmes visent, en accentuant les investissements publics, à mettre en place les infrastructures de base devant servir de socle au développement économique. Depuis le début des années 2000, le gouvernement multiplie les annonces concernant les projets à réaliser, dont les infrastructures autoroutières et la modernisation du réseau ferroviaire. Mais au lieu de servir au développement de l’économie nationale, ces dépenses publiques ont plutôt favorisé l’enrichissement d’une minorité d’entrepreneurs au niveau local et national qui ont bénéficié de grands marchés publics. Recrutés généralement parmi la clientèle du pouvoir, ces derniers ont été grassement servis grâce à la rente pétrolière. La politique dépensière de l’Etat a bénéficié également aux importateurs qui ont alimenté, à leur tour, le marché informel. Du coup, la facture des importations a été multipliée en quelques années pour dépasser la barre des 60 milliards de dollars/an. Une partie de cette somme, de l’aveu même des responsables du gouvernement, est transférée illégalement à travers la surfacturation des marchandises importées. De surcroît, la manne financière exceptionnelle engrangée grâce à la hausse des prix du pétrole a aiguisé les appétits de certains hauts responsables qui n’ont pas résisté à l’attrait de l’argent. En l’absence de contrôle, les détournements et la corruption ont atteint des niveaux alarmants. En une dizaine d’années (2000-2010), l’Algérie a été secouée par de grands scandales de corruption. Après Khalifa, le «projet du siècle», en l’occurrence l’autoroute Est-Ouest — qui n’est toujours pas livrée entièrement — n’a pas échappé aux tentacules de la corruption. De même que la plus grande entreprise du pays, Sonatrach. Cette dernière est secouée par deux grands scandales de pots-de-vin versés par des entreprises étrangères à des responsables algériens pour obtenir des marchés en Algérie. A l’origine de cette situation, il y a un facteur important. Il s’agit de l’absence de bilan. En effet, les responsables du gouvernement refusent toujours de rendre des comptes au peuple, vouant aux gémonies tous les économistes et acteurs de l’opposition qui les contredisent.
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