samedi 30 janvier 2016

L’ultime hommage au baroudeur

Les funérailles de l’officier de l’ALN et cofondateur du FFS, Si El Hafidh Yaha, décédé dimanche dernier, à Paris, à l’âge de 83 ans, ont eu lieu, hier, dans son village natal, Takhlidjth Ath Atsou, dans la commune d’Iferhounen, à 65 km au sud-est de Tizi Ouzou. Les obsèques de ce révolutionnaire se sont déroulées en présence d’une foule nombreuse. Des personnalités politiques, des élus locaux et des centaines d’anonymes ont fait également le déplacement à Ath Atsou, ce village aux 85 martyrs, pour rendre un ultime hommage à ce baroudeur qui s’en est allé comme il a vécu, digne. «Aujourd’hui, c’est un hommage à la hauteur de ce moudjahid et militant infatigable. Cette foule prouve, encore une fois, que Si El Hafidh est un symbole dont le nom est gravé dans notre histoire pour l’éternité. Il mérite amplement cet hommage», commentent des anonymes présents à l’enterrement. «On est venu de Béjaïa pour assister à cet enterrement, car c’est un devoir, pour nous d’accompagner ce grand moudjahid à sa dernière demeure», ajoute un citoyen d’Akbou. Les jeunes de la région se sont structurés en comités de village pour assurer le bon déroulement de la cérémonie, le cercueil était exposé dans le hall de sa maison. Des portraits du regretté ont été placardés à travers le village et même sur la route, à partir de Larbaâ Nath Irathen, histoire de faciliter l’itinéraire aux personnes venues de loin. «Laissez le passage à ceux qui n’ont pas encore vu la dépouille de Si El Hafidh», lançait, à l’aide d’un haut-parleur, un membre du comité de village. Ceux qui ont connu le défunt se succédaient à la tribune pour apporter des témoignages émouvants sur les qualités, la vie et le parcours du regretté. «Il était très modeste et surtout humain. Il était un baroudeur qui a combattu le colonialisme français et lutté aussi contre la dictature, après l’indépendance. On ne peut pas parler de Si El Hafidh sans évoquer son père qui a été tué par l’armée française à l’aide de lance-flammes dans cette région. Il avait tenu tête, pendant plusieurs jours, à des militaires français qui voulaient le capturer vivant», se souvient un ancien maquisard de la région qui nous a précisé que les Yaha est une famille de martyrs. Parmi les intervenants, Abdenour Abdeslam, auteur de livres en tamazight, il a rappelé à la foule que Si El Hafidh avait escorté Abane Ramdane de Aïn El Hamam (ex-Michelet) jusqu’à Ifri Ouzellaguen (dans la wilaya de Béjaïa) pour assister au congrès de la Soummam. «J’ai connu le défunt lors de la marche du 25 janvier 1990. Il avait pris part à cette action, car il était convaincu du combat de la jeunesse. C’ était un grand combattant durant la guerre de Libération et militant des causes justes comme il était également aux côtés des victimes des événements de Kabylie en 2001. Il était resté toujours jeune dans ses engagements», a déclaré Malika, la sœur du chantre kabyle Matoub Lounès. Tarek, fils du colonel Abderrahmane Mira qui a, selon lui, rencontré le défunt plusieurs fois à Paris, dira : «Si El Hafidh était un homme de grande conscience. Sa vie était le FFS et son objectif était la démocratie.»   Nous avons également remarqué, dans la foule, plusieurs élus de différents partis politiques, d’anciens animateurs du Mouvement culturel berbère (MCB), à l’image de Saïd Khellil, Saïd Doumène et Arezki Abbout. Le nouveau président de l’APW, Mohamed Klalèche, et le sénateur Hocine Haroun ainsi que le wali de Tizi Ouzou, Brahim Merrad, ont aussi assisté aux funérailles. Vers 14h, le cercueil du défunt, paré de l’emblème national, est acheminé, sous des applaudissements et des youyous, vers le lieu de l’enterrement.  

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