jeudi 25 février 2016

«L’Algérie a fait quelques avancées en la matière»

Dans son rapport annuel, si Amnesty International estime que l’Algérie a fait «quelques avancées en matière des droits de l’homme», l’ONG tire la sonnette d’alarme sur la «situation alarmante» qui prévaut dans le monde. Un rappel : la situation des droits de l’homme dans le monde est «alarmante», car le «système de protection des droits humains est menacé», affirme Hassina Oussedik, directrice d’Amnesty International Algérie, lors de la conférence de presse tenue hier dans un grand hôtel à Alger. Pour la directrice, l’année 2015 a été marquée par des violations de droit international  par de «nombreux Etats». Des chiffres illustrent cette triste réalité : dans 19 pays, des crimes de guerre et d’autres violations ont été commis. Dans 34 pays, des groupes armés ont pris pour cibles des civils, plus de 3700 réfugiés et migrants sont morts en Méditerranée en tentant de rejoindre l’Europe. Enfin, les conflits en Syrie, en Irak, au Yémen et en Libye sont à l’origine de plus de 5 millions de réfugiés et de demandeurs d’asile dans le monde. «Cinq ans après les soulèvements massifs au Moyen-Orient de 2011, la région se caractérise par les conflits et la répression. De nombreux gouvernements du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord ont pris des mesures de lutte contre le terrorisme, avec pour objectif déclaré de faire face aux  menaces liées à leur sécurité, mais elles ont été également utilisées pour réprimer la société civile», a affirmé Hassina Oussedik. Au sujet de l’Algérie, si Amnesty International salue «quelques avancées» contenues dans la nouvelle Constitution, elle émet des réserves sur «certains articles de loi» C’est le cas pour la liberté d’expression. Si l’ONG salue l’introduction de l’article 41 ter qui consacre la liberté des médias sans aucune forme de censure préalable, elle regrette cependant que cet article renvoie au «respect des constantes et des valeurs religieuses, morales et culturelles de la nation», une disposition qui ouvre la voie à de «larges interprétations», estime l’ONG. Quant à la liberté de manifestation pacifique garantie par l’article 41 bis, Amnesty International estime que l’Etat algérien a les mêmes réflexes que les autre pays arabes. «Des citoyens, des militants et des blogueurs ont été harcelés pour avoir émis leurs opinions», a rappelé Mme Oussedik. Au sujet de l’indépendance de la justice, l’ONG salue les modifications apportées au code de procédure pénale, «prévoyant un éventail plus large de mesures alternatives à la détention provisoire. Les suspects ont désormais le droit spécifique de rencontrer un avocat pendant la garde à vue », souligne la directrice d’Amnesty International Algérie, qui regrette par contre que «l’avocat ne puisse pas assister aux interrogatoires». Par ailleurs, l’ONG rappelle qu’à la suite d’affrontements meurtriers intervenus dans le nord du Sahara, les forces de sécurité ont arrêté 25 personnes à Ghardaïa en juillet. «Une information pour terrorisme et incitation à la haine a été ouverte contre les personnes appréhendées, parmi lesquelles Kamaleddine Fekhar et d’autres militants engagés en faveur de l’autonomie de la région du M’zab.» Ces personnes étaient toujours derrière les barreaux à la fin de l’année. Tout en saluant la prohibition des traitements cruels dans l’article 34 de la Constitution, AI regrette toutefois que la torture ne soit pas explicitement interdite et demande que le droit à la vie soit garanti. En ce qui concerne la peine de mort, l’ONG juge que les autorités algériennes «n’avancent pas sur ce dossier» et rappelle que des juges continuent de prononcer «des peines de mort, même si elles ne sont pas exécutées».  Sur les libertés d’association, Amnesty International déplore que les autorités continuent de refuser d’accuser réception des demandes d’enregistrement  formulées par les associations. Pour l’ONG, l’Etat algérien ne respecte pas ses engagements et cela remet en cause «les libertés d’expression et d’association», a affirmé Hassina Oussedik.  

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