La direction du plus vieux parti de l’opposition et tout son groupe parlementaire se sont rendus au cimetière Sidi M’hamed, à Alger, pour déposer une gerbe de fleurs sur la tombe de Aïssat Idir avant de rendre publique une déclaration des plus virulentes vis-à-vis du pouvoir. C’est en se recueillant sur la tombe de Aïssat Idir, fondateur de l’UGTA combattante, et sur celle du moudjahid Lakhdar Rebbah, que le Front des forces socialistes (FFS) a choisi de marquer la journée d’hier, loin du cérémonial officiel d’ouverture de la session parlementaire du printemps. Il boycotte cette ouverture de session qui intervient dans un «contexte national, régional et international trouble et troublé», a noté le FFS. La direction du plus vieux parti de l’opposition et tout son groupe parlementaire ainsi que des élus d’Alger se sont rendus au cimetière Sidi M’hamed, à Alger, pour déposer une gerbe de fleurs sur la tombe de Aïssat Idir avant de rendre publique une déclaration des plus virulentes à l’égard de l’entêtement du pouvoir à tourner le dos à la raison. «Dans la conjoncture actuelle, le FFS se veut dans la continuité du message de Novembre et du Congrès de la Soummam. Il reste fidèle à ses engagements primordiaux de construire démocratiquement la nation algérienne et l’Etat démocratique et social. C’est pourquoi le FFS décide de commémorer le 60e anniversaire de la création de l’UGTA, bras syndical de la Révolution algérienne, par ce recueillement sur la tombe de Aïssat Idir», a souligné le premier secrétaire national du parti, Mohamed Nebbou, dans une déclaration. L’analyse faite par le FFS sur la situation politique, sociale et économique du pays est des plus critiques. Le FFS revient sur l’adoption de la loi de finances 2016 qu’il juge «antinationale et antisociale», et sur le texte de révision de la Constitution, qu’il qualifie de «véritable coup de force institutionnel et constitutionnel». Et d’alerter : «L’immense majorité des Algériennes et Algériens commencent à subir les conséquences dramatiques de cette loi de finances scélérate et reçoivent des électrochocs répétés suite à une flambée des prix qui n’est pas près de s’éteindre.» Pourtant, a rappelé la déclaration du FFS : «Il y a quelques mois, les mêmes autorités assuraient que le pays ne connaissait pas de crise et qu’il ne serait pas touché par l’austérité.» «L’imposture n’est pas finie» «Aujourd’hui, on prêche le discours de vérité. Quel discours tenait-on hier et avant-hier ? Le discours de la ruse, du mensonge, du déni de réalité et de la violence.» «L’imposture n’est pas finie», a asséné le FFS. Concernant le projet de révision constitutionnelle, il a fait remarquer qu’on «veut faire croire à l’extérieur que le pay est sur la voie d’une démocratisation graduelle, alors que les options retenues visent simplement à renforcer le régime par le droit et non à limiter le pouvoir». Ces options, a estimé le FFS, «instituent la régression des libertés par la juridiciarisation du politique». Et d’affirmer qu’on ne peut parler de séparation des pouvoirs alors que jusqu’à l’heure actuelle, l’initiative des lois demeure le domaine réservé de l’Exécutif. Renvoyant au pouvoir son simulacre de changement, le FFS a asséné : «Chaque matin, tout Algérien qui sort de chez-lui sait qu’il n’est pas dans un pays plus uni, plus juste, plus libre et plus stable.» Le plus vieux parti de l’opposition a averti que la programmation des lois organiques faisant suite à la révision de la Constitution va lourdement impacter l’activité parlementaire. «Comment ne pas voir que nous sommes en présence d’un véritable carrousel ? Il y a eu inversion des priorités et cela révèle la logique personnelle, si ce n’est partisane ou clanique, qui a conduit à programmer cette révision en dernier», a souligné la déclaration du FFS. Le contenu économique de la révision de la Constitution est aussi mis en lumière par ce parti. «Nous partageons le point de vue de tous ceux qui estiment que cette Constitution consacre la rupture avec l’Etat social, la régression syndicale, la déréglementation de la sphère économique et ‘l’open-sky’ en matière du droit du travail», est-il noté, regrettant que ce nouveau modèle économique n’ait pas suscité un grand débat citoyen et démocratique. «Pour rassembler les énergies, pour renforcer la cohésion sociale, il eut fallu opter pour un dialogue politique véritable pour reconstruire le consensus national», a soutenu le FFS attestant que les différentes initiatives politiques présentes sur la scène médiatico-politique ne se confondent pas. «Le pouvoir persiste dans une démarche unilatérale et autoritaire, parce qu’il pense disposer des ressources politiques, diplomatiques, financières, économiques, culturelles et sociales pour continuer dans cette voie et qu’il escompte un retournement de la conjoncture pétrolière en sa faveur», a constaté le FFS, alors que, a-t-il dit, la crise algérienne est antérieure à la chute des revenus des hydrocarbures et remonte même au lendemain de l’indépendance du pays. «Chaque jour qui passe démontre qu’aucun acteur politique ou social ne peut, à lui seul, trouver une issue politique et mettre le pays sur la voie d’un développement durable», a précisé la même déclaration de ce parti en relevant que le FFS poursuivra dans le travail de proximité auprès de la population et continuera à rechercher et à proposer des mécanismes et des cadres de dialogue et de concertation pour reconstruire le consensus national. «Ce consensus ne saurait être la réédition de projets frontistes dépassés ou d’alternance claniques qui ne répondent pas à l’espérance démocratique du peuple algérien.» Réagissant à la situation régionale, le plus vieux parti de l’opposition a soutenu une solution politique en Libye, s’est prononcé contre toute intervention militaire étrangère dans la région et a réaffirmé que «la construction démocratique du Maghreb est à même d’apporter à la région la paix, la stabilité et le développement».
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