lundi 9 mai 2016

«L’Algérie en situation d’insoutenabilité»

En visite de commémoration et de travail, hier, dans la wilaya de Béjaïa, le ministre des Finances, Abderrahmane Benkhalfa, a déclaré que «l’Algérie a atteint le seuil d’insoutenabilité en matière de dépense publique», appelant à la mobilisation de toutes les capacités financières internes du pays pour renflouer les caisses de l’Etat. S’exprimant devant un parterre de cadres financiers de la wilaya avec lesquels il s’est longuement réuni à l’université Abderrahmane Mira, le ministre a affirmé : «Nous devons rationaliser les dépenses et faire preuve d’efficience et ne plus se contenter de consommer les crédits», estimant qu’il faut passer à un modèle de financement orienté vers une économie de croissance créatrice de richesses qui prendra en compte la dimension territoriale. Une démarche qui s’appuie, explique le ministre, sur la mobilisation de toutes les ressources internes du pays pour apporter des solutions aux problèmes financiers imposés par la chute brutale du prix des hydrocarbures. «Aujourd’hui, le défi est de trouver des sources de substitution aux 70% de pertes causées par la chute du prix du pétrole. Ne compter que sur les recettes fiscales générées par les hydrocarbures est aujourd’hui impossible. Il faut donc mobiliser toutes les ressources internes, en particulier les recettes ordinaires et les fonds informels, lesquels seront exploités pour financer des projets pouvant apporter une plus-value et un retour sur investissement», explique le ministre. Selon M. Benkhalfa, l’administration, les banques et les structures financières sont appelées à jouer un rôle primordial en rationalisant leurs budgets et en élaborant des stratégies de rapprochement plus efficaces avec les clients et les partenaires. Dans cet effort, le ministre a insisté sur l’accélération de l’opération de numérisation des institutions impliquées, ainsi qu’à l’exploitation des différentes infrastructures construites récemment, en particulier les universités, lesquelles sont appelées à apporter leur contribution au développement économique. Abderrahmane Benkhalfa tente cependant de rassurer sur la situation financière, tout en s’attaquant «aux faux rossignols qui vendent le pessimisme», allusion sans doute à l’opposition qui n’a de cesse de tirer la sonnette d’alarme sur la déliquescence de l’économie nationale. «Un pays qui n’est qu’à 8% de dette, qui dispose de 22 mois de couverture et qui gère un budget de 8000 milliards de dinars n’est pas en crise», a affirmé le ministre. Et de renchérir : «Il y a aujourd’hui dans le monde des pays qui sont dans une situation dix fois inférieure à celle de l’Algérie, mais qui sont stables et résistent.»

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