dimanche 8 mai 2016

NABNI : un rêve collectif en construction

En 2030, j’aurai 41 ans si Dieu me prête vie. J’espère, ce jour-là, m’être réalisée socialement et professionnellement. Que l’Algérie sera réellement démocratique, que le mot corruption ne sera plus qu’un mot, que mes enfants iront à l’école publique sans que je m’en inquiète, que je puisse les emmener à la plage sans avoir à payer 3000 DA, qu’on puisse faire le tour de l’Algérie avant de penser à l’étranger...» Tel est le rêve de Yasmine, la vingtaine, l’une des internautes ayant répondu à un sondage lancé par le collectif Nabni sur le thème : «Algérie rêvée».  Hier, le remuant think tank a organisé à l’espace Sylabs (un magnifique lieu de création sis à Alger-Centre) un grand débat autour de cette même question  : «De quoi rêvent les Algériens ?» Nabni a convié des intervenants de différents horizons (universitaires, artistes et autres entrepreneurs) pour dessiner ensemble les contours de ce que pourrait être le «rêve algérien», autrement dit un autre grand récit national après celui de 1954. Ce fut l’occasion pour Nabni de livrer les enseignements de ce sondage réalisé par internet à l’été 2015 (précisément du 4 juillet au 17 août). Le sondage a recueilli 222 réponses. 80% des personnes qui ont répondu sont de sexe masculin, et 42% de cet échantillon ont entre 25 et 45 ans. «Nous avons retenu surtout les rêves à caractère collectif», précise Mehdi Damou, membre de Nabni, qui a présenté les résultats de ce sondage. «Nous avons également voulu éviter le piège ‘‘court-termiste’’ en se projetant à l’horizon 2030», a-t-il ajouté.  Parmi les leçons de cette enquête d’opinion : «Les Algériens rêvent à nouveau de grandeur.» Les personnes sondées ont mis l’accent, en l’occurrence, sur le bénéfice à tirer des expériences des pays émergents, notamment asiatiques (Corée du Sud, Indonésie, Malaisie…) et des pays du Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud). Un visuel transformait même l’acronyme anglais en «Brica», en y incluant l’Algérie. Le sondage révèle, par ailleurs, une forte aspiration à sortir de l’addiction aux hydrocarbures avec, à la clé, un modèle économique misant sur les énergies renouvelables et l’agriculture saharienne, «notre pétrole vert». «Je rêve qu’un jour la fiscalité pétrolière ne représentera que 5% de la fiscalité de l’Etat (…). Je rêve de conduire la voiture algérienne de marque ‘‘Fatia’’ fabriquée en Algérie, et qui (détiendrait) 60% du marché algérien et 20% du marché africain et arabe», écrit un internaute. Autre projection souhaitable : «100% des besoins alimentaires satisfaits localement.» On se rêve aussi en nouvelle Mecque du tourisme méditerranéen, avec 10 millions de visiteurs à l’horizon 2030. Certains aspirent à une «Algérie mobile où l’on peut enfin se déplacer facilement dans et entre les villes». D’aucuns appellent de leurs vœux une meilleure utilisation du territoire, en exhortant les décideurs à s’ouvrir sur les autres régions plutôt que de tout concentrer à Alger. Un citoyen recommande ainsi de «faire de Constantine, Annaba, Batna, Ghardaïa, Tamanrasset, de nouveaux pôles de développement d’industrie high-tech, TIC, solaire, touristique et commercial». Une autre doléance à méditer : «Investir sur la matière grise, l’éducation et de nouveaux leaders.» Un esprit éclairé préconise : «En 2030, le président a 45 ans (…) Il faut un président jeune et dynamique, à l’image de sa population.» Un «DZ optimiste» va plus loin : «En 2030, un chiffre-clé : zéro vieux au pouvoir.» Enfin, retenons cette proposition grinçante : «Pour une Algérie propre… aux deux sens du terme.» A noter que le sondage sera relancé, annonce Nabni, en martelant ce joli mot d’ordre : «Fahlamou, fahlamou, fahlamou !» (Rêvez, rêvez, rêvez !)…  

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