Des consultations sous-régionales pour l’Afrique du Nord se sont déroulées hier et avant-hier à Tunis afin de développer un réseau de la société civile sur les déplacements des réfugiés et les migrants dans la région MENA. Organisée par le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), cette initiative a regroupé plusieurs délégations venues d’Algérie, du Maroc, de Mauritanie, de Libye et de Tunisie. L’objectif du réseau de la société civile est de fournir une «plateforme» pour que les partenaires de la région puissent renforcer leurs voix individuelles en les unissant pour la protection et l’assistance des personnes déplacées. Lors des consultations, le sociologue algérien Hocine Labdelaoui, affilié au Centre de recherche en économie appliquée pour le développement (Créad), a souligné l’importance de sensibiliser la société afin de lui faire accepter un réfugié ou un migrant : «La remise en question est prioritaire, le citoyen doit comprendre pourquoi il faut accepter un réfugié. Nous devons sensibiliser la société et s’organiser en réseau.» Et d’ajouter que l’Algérie «est devenue un pays d’installation». Dans la même réflexion, Fatimata Mbaye, présidente de l’Association mauritanienne des droits de l’homme, insiste pour déconstruire les clichés : «Le réfugié n’est pas un parasite ! Je pense qu’il faut expliquer à la société d’où vient un réfugié et pourquoi il est dans nos pays.» Elle déplore également que «la société civile n’est pas assez impliquée dans les décisions politiques» et exprime son mécontentement car «l’espace de travail des associations et des ONG se réduit à cause du contexte sécuritaire». Lors cette rencontre de deux jours, les délégations ont réalisé un travail en équipe et des propositions concrètes pour l’installation d’un réseau fiable, qui compte intégrer d’autres acteurs de la société civile algérienne, notamment des médias et des universitaires. «Pour installer un réseau efficace, il faut d’abord être d’accord sur certaines conditions, notamment partager des valeurs communes», insiste Abderrahmane Arar, président du Réseau algérien pour la défense des droits de l’enfant. Pour rappel, lors de la Journée mondiale des réfugiés, le 20 juin dernier, le Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés a annoncé un record de 65, 3 millions de personnes déracinées en 2015 à cause des guerres et des persécutions. En 2015, plus de la moitié des nouveaux réfugiés venaient de Syrie, soit un million de personnes. Fin 2015, 55% des 16,1 millions de réfugiés sous mandat du HCR étaient établis en Europe ou en Afrique subsaharienne. L’Afrique est la première terre d’asile devant l’Europe. L’Afrique accueille à elle seule 4,41 millions de réfugiés qui proviennent essentiellement de cinq pays : Somalie, Soudan du Sud, RDC, Soudan et Centrafrique. L’Europe arrive en deuxième place avec 4,39 millions de réfugiés. Outre la Turquie, les réfugiés se rendent surtout en Allemagne, en Russie, en France, en Suède, au Royaume-Uni et en Italie. A fin 2015, sur les 10 pays accueillant le plus de réfugiés, cinq sont situés en Afrique subsaharienne. La Turquie est le pays qui accueille le plus de réfugiés au monde avec 2,5 millions de personnes, suivie par le Pakistan (1,6 million) et le Liban (1,1 million). Ces chiffres affolent les ONG et les associations locales qui œuvrent, tout au long de l’année, afin de trouver des subventions. Le rôle du HCR dans cette initiative régionale (MENA) serait celle du «catalyseur et coordonnateur» afin de contribuer à la conception de la stratégie et à la structuration du réseau. Pour rappel, dans le cadre du développement du réseau de la société civile, des consultations sous-régionales auront lieu cette année.
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