El Tarf est mentionnée comme une importante wilaya à vocation agricole. Et elle l’est, car peu de gens le savent, du moins ceux qui ont fait de solides études, elle renferme les meilleures terres du pays. Des sols qui se sont formés depuis 10 000 ans grâce à la présence permanente de l’eau. La Surface agricole utile (SAU) occupe 75 000 ha, soit le quart de la superficie totale de la wilaya. 40% de ces 75 000 ha, environ 30 000 ha sont consacrés aux cultures herbacées, en grande partie du fourrage mais aussi, c’est à déplorer, des céréales dans le périmètre irrigué du Bouna Moussa en déshérence (10 000 ha). Près de 20% sont des cultures en maraîchages, arboriculture, vignobles et cultures industrielles, c’est-à-dire la tomate (3000 ha) et ce que l’on dit moins dans les statistiques d’immenses espaces forestiers sont ravagés depuis une dizaine d’années pour la culture des cucurbitacées (pastèque et melon). Il reste la jachère donnée officiellement à 40% de la SAU, soit 30 000 ha, mais beaucoup plus, affirment des cadres du secteur, à la retraite certes, mais bien au fait de la situation. Plus de 50%, c’est certain, selon eux. Le ministre de l’Agriculture, du Développement rural et de la Pêche, Abdesselam Chelghoum, qui était à El Tarf jeudi dernier l’inauguration du 2e Salon national de la tomate à Ben Mhidi, n’a pas tout vu, car son cortège a emprunté la RN84A qui longe les belles parcelles vertes plantées d’arachides et de cucurbitacées en grande partie gagnées sur le domaine forestier. C’est le long de la RN44, l’autre voie qui traverse la wilaya, que la jachère clôturée est exposée. Il semble toutefois être au courant de ce qu’il a qualifié de mascarade puisque dès demain une commission se déplacera à El Tarf pour faire la lumière sur cette affaire. En fait, il n’y a pas de mystère. Au démantèlement des domaines autogérés, de prétendus agriculteurs se sont emparés de tout ce qui pouvait l’être pour devenir de simples propriétaires fonciers et, sans en avoir réellement les compétences, ils se sont rendus incontournables en tant qu’élus locaux dans les programmes de développement, ont toujours justifié l’abandon de leurs terres par les inondations temporaires et fort utiles considérées ailleurs comme une bénédiction du ciel. M. Chelghoum ne s’est pas tout à fait expliqué sur l’exploitation du corail. Pour lui, les conditions ne sont pas encore réunies pour lancer la campagne 2016-2017. Pourtant, un décret publié le 13 avril dernier en donne le signal. En fait, ce n’était qu’un effet d’annonce, une précipitation qui a dérouté les armateurs. Nous sommes pratiquement en août et les appels d’offres pour les soumissions ne sont pas encore parus. Si l’on tient compte des délais habituels pour ce genre de procédures, la campagne débutera en janvier 2017, un mois avant sa fermeture ! Bref, la reprise de la pêche au corail est mal partie pour ne pas dire qu’elle n’est pas partie du tout. Le ministre qui, à demi-mot, a fait savoir aux agriculteurs et aux pêcheurs qu’ils devaient dorénavant compter sur eux-mêmes et ne plus attendre de subvention, a annoncé aussi la création d’une chaîne satellitaire pour la vulgarisation agricole.
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