Interrogés hier sur les résolutions du dernier Conseil des ministres fixant l’âge minimal de départ à la retraite à 60 ans pour les hommes et 55 pour les femmes, les représentants de plusieurs syndicats pensent que «le gouvernement veut gagner du temps». L’avant-projet de loi rétablissant l’âge minimal de départ à la retraite à 60 ans pour les hommes et 55 ans pour les femmes et qui prévoit des exceptions de départ anticipé pour les travailleurs «en poste de haute pénibilité» n’est qu’un «artifice» pour calmer la protestation qui s’exprime au niveau des bases de travailleurs, soutient Rachid Malaoui, président de la Confédération générale autonome des travailleurs en Algérie (CGATA), écartant donc la possibilité de voir promulguer, prochainement le décret fixant les métiers pénibles dont les effectif pourraient prétendre à une retraite anticipée, comme c’est annoncé officiellement. Le président de la CGATA appelle à la mobilisation générale de tous les travailleurs pour «faire avorter» ce projet de loi qui consacrera «un recul sur les acquis chèrement arrachés des travailleurs». M. Malaoui estime que l’argument de la sauvegarde de l’équilibre de la Caisse nationale de retraite (CNR) n’est qu’un prétexte pour étouffer toute tentative de protestation chez les travailleurs. «Les syndicats autonomes ont toujours appelé les autorités à régler les dysfonctionnements. Durant les années d’opulence, cela n’a pas été fait et voilà que maintenant, c’est aux travailleurs qu’on demande de faire des sacrifices !» Ce syndicaliste est convaincu que c’est grâce à la mobilisation des travailleurs, notamment dans le sud du pays, que le gouvernement a fait machine arrière en promettant de maintenir la retraite anticipée pour certains corps au lieu de sa suppression définitive, annoncée il y a quelques mois. «La mobilisation doit rester sans faille pour faire annuler ce projet et maintenir le droit au départ à la retraite anticipée sans condition. C’est pour cela que tous les syndicats doivent adhérer au mouvement de protestation qui se prépare dès la rentrée pour défendre les acquis chèrement payés», explique M. Malaoui. Le CGATA dénonce «l’étouffement» de l’activité syndicale, empêchant la création de syndicats autonomes au niveau du secteur économique et lance un appel à l’adresse de tous les travailleurs non encadrés, d’adhérer au mouvement de protestation en phase de préparation. «Des marches et des actions de contestation seront à l’ordre du jour pour protester contre ce projet», insiste-t-il. Le Syndicat autonome des travailleurs de l’éducation et de la formation (Satef), par la voix de son secrétaire général, considère que la mobilisation des travailleurs de l’éducation est sans faille pour faire classer le métier d’enseignant parmi les professions pénibles. Pour Boualem Amoura, «on ne connaît pas encore le contenu du décret ; quel que soit le contenu de la liste, il faut qu’il y ait de la solidarité syndicale pour défendre les droits des travailleurs». Pour le docteur Lyes Merabet, président du Syndicat national des praticiens spécialistes de santé publique (SNPSP), «une série d’actions est prévue. 16 syndicats sont mobilisés pour défendre les acquis des travailleurs concernant la retraite». Le syndicaliste annonce une journée d’information sur la retraite, qui sera organisée samedi par le syndicat, où des experts et des syndicalistes vont décrypter les enjeux liés à la retraite et au monde du travail. Le texte adopté avant-hier par le Conseil des ministres, dont l’entrée en vigueur est fixée au 1er janvier 2017, énonce notamment le «rétablissement de l’obligation d’un âge de départ en retraite de 60 ans (55 ans pour les femmes) avec un minimum de 15 ans de travail» et la «possibilité» pour le travailleur d’«exercer cinq années supplémentaires avec l’accord de l’employeur». Le texte donne aussi la possibilité aux «travailleurs exerçant dans des métiers hautement qualifiés ou déficitaires (qui seront définis par voie réglementaire) d’exercer au-delà de l’âge de la retraite».
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire