La propagation de la maladie dite «bronchite infectieuse», décimant ainsi l’élevage avicole dans la wilaya de Bouira, inquiète les éleveurs. Une importante partie des exploitations est presque décimée dans les régions ouest de la wilaya, dominée par des activités informelles, particulièrement dans le secteur agricole. Des poulaillers et autres bâtiments destinés à l’élevage avicole sont réalisés, sans respect des normes et des conditions d’hygiène. La quasi-totalité de ces exploitations, surtout celles situées dans la commune de Guerrouma, sur les hauteurs de Lakhdaria, l’un des premiers fournisseurs à l’échelle nationale en viande blanche, sont réalisées anarchiquement et aucune norme d’hygiène n’est respectée. C’est d’ailleurs l’une des raisons à l’origine de l’apparition de l’épidémie, dès lors, que la barrière sanitaire n’est pas respectée. La propagation de cette maladie est difficile à maîtriser, faute de moyens des services agricoles de la wilaya. S’agissant de la situation actuelle, le directeur des services agricoles de la wilaya (DSA), Ganoun Djoudi, a rassuré que l’épidémie est pratiquement maîtrisée. Une rencontre entre des éleveurs de Lakhdaria et des vétérinaires a été organisée récemment afin de débattre de ce problème et surtout dégager des mécanismes visant à sauver une filière déjà fragilisée par l’apparition récurrente de maladies. «La situation est pratiquement maîtrisée. Nous avons recommandé aux éleveurs de Lakhdaria, à l’occasion de cette rencontre, de suivre les consignes, de prendre les mesures nécessaires et ce, par le suivi régulier du plan hygiénique», dit-il, en rappelant que sans le respect des normes sanitaires, l’apparition d’autres maladies n’est pas à écarter, dès lors que la plupart des exploitations sont informelles et ne disposent d’aucune norme requise. Un demi-million de poulets menacés «A Guerrouma, la distance entre les poulaillers n’est pas respectée. La barrière sanitaire est inexistante», a déploré le DSA de Bouira, mais rassurant, au passage, que la viande blanche ne présente aucun danger, dans les conditions actuelles, sur la santé du consommateur. Le même responsable a souligné que la mortalité enregistrée au niveau des exploitations de Guerrouma est minime comparativement au nombre important de bâtiments destinés à l’élevage avicole. «Le nombre de poulets morts à cause de cette épidémie ne dépassait pas les 4000, alors que nous avons plus d’un demi-million de poulets recensés au niveau des exploitations, rien que dans la commune de Guerrouma», a précisé M. Ganoun. Il invite ainsi les éleveurs à suivre les consignes des vétérinaires mobilisés dans le cadre d’une campagne de sensibilisation, afin d’éviter d’autres pertes et surtout l’apparition de d’autres virus. «Nous allons entamer une tournée à travers toutes les exploitations situées dans la wilaya de Bouira, afin d’inciter les éleveurs à suivre les mesures nécessaires surtout en cette période de l’année», explique-t-il. Filière fragilisée par l’apparition répétitive de maladies L’apparition de maladies récurrentes et parfois désastreuses au sein d’exploitations agricoles, renseigne et illustre parfaitement la fragilité des filières. Le peu de moyens dont disposent les agriculteurs et surtout l’absence d’une barrière sanitaire adéquate exposent ces exploitations au risque de maladies contagieuses. Moussouni Akli, expert en développement, est catégorique : «Les infrastructures agricoles réalisées en dehors des complexes étatiques laissent à désirer.» S’exprimant au sujet de l’épidémie touchant l’exploitation avicole dans la wilaya de Bouira et qui risque de contaminer des wilayas limitrophes, l’expert estime que les toitures des bâtiments, généralement en tôle ou en bâche «ne permettent pas une bonne isolation thermique. Les systèmes de refroidissement, sont inopérants, quand ils existent, et ne sont pas adaptés aux particularités climatiques de la région». En conséquence, l’élevage n’est pas protégé des aléas extérieurs. Une situation qui, explique l’expert, ne permet pas à cette filière d’évoluer, ajoutant une carence flagrante en termes de barrière sanitaire accentuée par le manque de discipline du personnel opérant autour de ces bâtiments. Cette situation est identique à celle des bâtiments destinés à l’élevage des bovins et ovins. Ce qui complique encore plus la protection sanitaire de tous les cheptels. En conséquence, les épidémies, ou autres fléaux parasitaires, ne peuvent qu’infecter très facilement ces élevages. «Cette situation est due également et essentiellement à l’archaïsme dans cette filière», dit-il. Outre ces facteurs à l’origine de la fragilité de la filière et de la multiplication de maladies, s’ajoute celui de l’alimentation qui pose un sérieux problème en terme de qualité, que ce soit par rapport aux produits importés ou aux pratiques de stockage. Moussouni Akli a donné l’exemple du soja, déposé en vrac à l’air libre au niveau des unités de fabrication de l’aliment. «Cette matière perd généralement toute ses propriétés et la fabrication de l’aliment opéré souvent au sein même des bâtiments d’élevage avec des équipements non adaptés et des dosages non étudiés faisant que l’aliment produit n’est pas de bonne qualité», explique l’expert en rappelant aussi que la chaîne de production des viandes biaisée à différents niveaux accentue «la fragilité de ces élevages».
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