Alors que la Caisse nationale des retraites (CNR) est prise dans l’étau d’une crise structurelle, le Conseil des ministres a adopté le texte rétablissant l’obligation d’un âge minimal de 60 ans pour les hommes et de 55 ans pour les femmes. Il prévoit le départ anticipé pour les travailleurs «en poste de haute pénibilité» et «un différé de cinq ans sous conditions pour certaines catégories à haute expertise ou déficitaires» qui seront définies par voie réglementaire. L’avant-projet contient une disposition prévoyant la «possibilité» pour le travailleur d’«exercer cinq années supplémentaires avec l’accord de l’employeur». Tout comme il donne la possibilité aux «travailleurs exerçant dans des métiers hautement qualifiés ou déficitaires — qui seront définis par voie réglementaire — d’exercer au-delà de l’âge de la retraite», indique le communiqué du Conseil des ministres. Tenant compte des métiers pénibles, l’Exécutif prévoit un départ à la retraite avant l’âge de 60 ans. L’avant-projet énonce aussi la possibilité pour «les travailleurs en poste de haute pénibilité (qui seront définis par voie réglementaire) de bénéficier d’une retraite avant l’âge de 60 ans», précise le Conseil des ministres, qui estime que l’avant-projet ambitionne de «préserver l’avenir de la CNR et les intérêts des retraités» et tient compte aussi des «préoccupations exprimées par les représentants des travailleurs». Ces mesures déjà débattues lors de la dernière tripartite vont-elles permettre à la CNR de retrouver au moins son équilibre ? Si une tendance au sein du gouvernement soutenue par le patronat a longtemps ferraillé pour relever l’âge de la retraite à 65 ans pour permettre à la CNR de sortir du rouge, une grande partie des syndicats et certains partis politiques y étaient vigoureusement opposés. L’option d’un relèvement a été finalement abandonnée, se contentant d’abroger l’ordonnance 97-13 du 31 mai 1997 reste en vigueur jusqu’à la fin de l’année en cours, donnant la possibilité d’un départ à la retraite sans condition d’âge. Le Conseil des ministres estime que «le maintien actuel de ce dispositif entraîne des conséquences dommageables aussi bien pour les équilibres financiers de la CNR que pour l’outil de production qui enregistre chaque année d’importantes déperditions de ses ressources humaines». D’autres experts en matière de régime de retraites ont plaidé pour une autre alternative plus fiable : favoriser l’emploi. Mais force est de constater que les gouvernements successifs – au moins depuis la mise en place du Plan d’ajustement structurel – n’ont pas pu réduire le chômage. Les dispositifs de création d’emplois ont vite montré leurs limites, alors que le chômage de masse touche de plus en plus de jeunes, dont beaucoup de diplômés. Cette tendance va sans doute s’accroître avec la crise économique dans laquelle s’enferre le pays. Les mesures contenues dans la loi de finances 2016 confirmant «le tournant de la rigueur» commencent déjà à avoir des retombées négatives en matière d’investissement et de création d’emplois. Des coupes claires dans les budgets, notamment ceux des collectivités locales, et le non-remplacement des travailleurs partis à la retraite auront de lourdes conséquences sur les ménages. Le risque d’une précarisation sociale généralisée est réel.
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