«La réhabilitation de la filière sciences islamiques est une solution médiane en cas de suppression de la matière du bac.» Même si la mouture finale du nouveau baccalauréat n’est pas encore rendue publique, la démarche du ministère de l’Education nationale, qui a ouvert le débat sur la question, est confrontée à l’opposition des représentants des enseignants des sciences islamiques. La Coordination nationale des enseignants de sciences islamiques, réunie hier à Alger, a dénoncé «le choix de supprimer les sciences islamiques du calendrier du baccalauréat qui est en cours d’être adopté». Mohamed Benhoua, président de ce syndicat, dénonce, en marge d’une rencontre des représentants syndicaux, «l’orientation vers la classification des sciences islamiques en tant que matière secondaire». Même si cette option n’est pas encore officiellement retenue dans le cadre de la réforme de l’examen, ce syndicat considère que l’ouverture d’un débat sur cette question est les prémices de l’abandon de l’enseignement de cette matière. Il dit ne pas croire «les assurances de la ministre qui a maintes fois démenti la suppression de cette matière». Une plateforme de revendications est née de la réunion d’hier. Les enseignants menacent de recourir à une action de protestation en cas de suppression de cette matière du baccalauréat. Les revendications portent sur le maintien des sciences islamiques comme matière essentielle, ainsi que l’arabe, le tamazight et l’histoire. Les enseignants revendiquent également la réhabilitation de la matière avec la révision à la hausse de son coefficient. «Depuis 2003, cette matière a le coefficient 2. L’importance de cette matière est dans le fait qu’elle peut constituer un barrage pour la pensée extrémiste qui est à la portée des adolescents et des enfants à travers le web et autres médias étrangers. Les professeurs de sciences islamiques enseignent certainement d’une manière pédagogique, mais jouent un rôle dans l’encadrement de l’orientation religieuse des générations formées par l’école algérienne», expliquent des enseignants rencontrés hier. Pour certains, «la suppression de la matière, il y a quelques décennies, a eu pour effet d’augmenter les effectifs des candidats à l’extrémisme». «Il faut renforcer l’enseignement des sciences islamiques pour ne pas encourager le discours de Daech et réunir la société autour d’une même référence», lancent les enseignants. Le syndicat propose également le retour à l’ancien système de classification. «Si cette matière est considérée comme secondaire, et en l’absence d’autres solutions, nous revendiquons la réhabilitation de la filière sciences islamiques, comme ce fut le cas avant la réforme de 2003. La matière était certes supprimée du calendrier des épreuves, mais était disponible comme filière d’enseignement et cette option pourrait être la solution à la problématique de la surcharge des matières», expliquent les représentants du syndicat. Le ministère de l’Education nationale a ouvert le dossier de la réforme du baccalauréat depuis le début de l’année scolaire. Le caractère «généraliste» du modèle actuel est considéré comme facteur d’échec à l’université pour un grand nombre d’étudiants dans plusieurs filières. Les propositions de la commission de réforme du baccalauréat ont trait notamment à la réduction de la durée de l’examen, à l’organisation d’une session anticipée pour les matières secondaires et à l’enseignement des matières scientifiques en langue française.
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