L’ampleur de l’inflation en 2015, affirme la Banque d’Algérie, «ne peut s’expliquer ni par l’expansion de la masse monétaire, dont le rythme a été quasi nul, ni par l’inadéquation de l’offre à la demande, ni par l’évolution des prix mondiaux des produits de base importés». Alors que les réserves de changes officielles se sont effondrées de près de 35 milliards de dollars sur le seul exercice 2015, la valeur du dinar a chuté d’environ 20%, selon la toute dernière note de conjoncture de la Banque d’Algérie (BA). «L’impact du choc externe de grande ampleur sur les fondamentaux a induit une dépréciation du taux de change en 2015 d’environ 20% du dinar par rapport au dollar américain, et une dépréciation plus faible vis-à-vis de l’euro, de l’ordre de 3,8%», précise ainsi la BA, dont relève, rappelle-t-on, la gestion de la politique de change. Retraçant les principales évolutions monétaires et financières au dernier trimestre de l’année écoulée — en attendant celles de l’année en cours —, la BA relève globalement que suite à la chute des prix du pétrole et en contexte de forte appréciation du dollar, «l’impact du choc externe sur l’économie nationale s’est accentué au cours de l’année 2015, avec un accent plus prononcé au quatrième trimestre pour certains indicateurs macroéconomiques». Aussi, la mauvaise conjoncture pétrolière, conjuguée à une baisse de 0,28% des quantités d’hydrocarbures exportées, s’est traduite par un niveau de recettes d’exportation de pétrole et de gaz de seulement 33,08 milliards de dollars en 2015, contre 58,46 milliards de dollars l’année précédente, soit une chute vertigineuse de 43,41%. En conséquence, la balance des paiements, qui retrace l’ensemble des échanges financiers du pays avec l’étranger, affiche un déficit aggravé de 27,54 milliards de dollars en 2015, contre un solde négatif de seulement 5,88 milliards de dollars au cours de l’année précédente. Couplé à un effet de valorisation négatif, ce déficit record, souligne la Banque d’Algérie, «a fait que les réserves officielles de change (or non compris) se sont fortement contractées, s’établissant à 144,13 milliards de dollars à fin décembre 2015, contre 178,94 milliards de dollars à fin décembre 2014». Au total, l’encours des réserves de changes, qui sous-tend à la fois la solvabilité extérieure du pays et le pouvoir d’achat du dinar, s’est contracté de près de 35 milliards de dollars sur la période allant de fin 2014 à fin 2015. Le niveau actuel des réserves, tente cependant de rassurer la BA, «reste appréciable, couvrant 27 mois d’importation de biens et services, en situation de niveau de la dette extérieure à moyen et long termes historiquement très bas (0,72% du PIB) et d’absence de toute dette extérieure portée par les entreprises du secteur des hydrocarbures depuis plus de dix années». Si tel est le cas au registre des équilibres financiers extérieurs, au niveau des finances publiques, l’impact de la crise s’est également fait sentir de façon encore plus prononcée durant l’année écoulée. En ce sens, indique clairement la note de conjoncture de la Banque centrale, «la tendance au creusement du déficit global du Trésor et à l’érosion des ressources du Fonds de régulation des recettes (FRR) s’est accentuée durant toute l’année dernière, en contexte de faiblesse des revenus de la fiscalité pétrolière (…) et de dépenses budgétaires toujours élevées». Erosion de l’épargne budgétaire En effet, est-il précisé, les recettes de la fiscalité pétrolière de l’année 2015 ont été de seulement 2273,5 milliards de dinars, contre 3388,4 milliards de dinars en 2014, tandis que le solde global des opérations du Trésor s’est détérioré davantage pour atteindre un déficit de 2824,5 milliards de dinars, soit 16,8% du PIB. En tout et pour tout, conclut la même institution, les ressources du Trésor ont subi «une érosion drastique de l’ordre de 2336,6 milliards de dinars, soit une chute de 52,1% en l’espace de 12 mois seulement, après plusieurs années d’efforts soutenus d’épargne budgétaire». S’ajoute à cette grande fragilité des finances de l’Etat, une baisse de 32,9% de la liquidité globale des banques, tandis que l’inflation est de «nouveau croissante et a atteint 4,4% pour l’indice national des prix à la consommation». L’ampleur de l’inflation en 2015, justifie enfin la BA, «ne peut s’expliquer ni par l’expansion de la masse monétaire, dont le rythme a été quasi nul, ni par l’inadéquation de l’offre à la demande, ni par l’évolution des prix mondiaux des produits de base importés». Il convient plutôt, alerte-t-elle, «d’en rechercher les causes profondes dans les dysfonctionnements du marché, et notamment de celui des produits agricoles frais, caractérisé par une traçabilité limitée des transactions et une faible régulation».
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