En 2015, Aïn Témouchent caracolait à la première place au plan national en termes de productivité céréalière et à la 2e en termes de production avec 2,4 millions de quintaux de céréales. Si Tiaret l’avait supplantée, c’est parce que sa sole céréalière est trois fois plus grande que celle de Témouchent. Cependant, les céréaliculteurs au sein de la Chambre d’agriculture avaient contesté ces statistiques, dénonçant une manipulation des chiffres d’autant qu’il s’agissait d’une estimation et non d’un recensement. Cette année, l’estimation est tombée à 350 000 qx, soit 18% de ce qui a été réalisé en 2015. Témouchent est classée loin, très loin, en bas du tableau. En fait, 2015 a été une illusion. Forcément, Aïn Témouchent est classée wilaya céréalière mais par défaut. D’abord la moitié de ses terres était consacrée à la vigne de cuve, parce qu’on est en zone semi-aride et que ce type de culture y est le plus adapté. Mais il se trouve qu’une sournoise politique a été menée pour l’éradiquer. En second lieu, expliquent des techniciens de la DSA, Témouchent ne possède pas de sole à haut potentiel. Elle est classée zone D, la dernière après les A, B et C, c’est-à-dire à potentiel moyen. De ce fait, parce que les céréales sont considérées comme moins exigeantes, c’est ce qui explique la prédominance des céréales d’autant qu’elles bénéficient d’un soutien étatique. Celui-là a agit comme un coup de fouet puisque en 2009, depuis la mise en place des mesures incitatives, les enlèvements de semences certifiées sont passées de 10 000 qx pouvant suffire à emblaver 8500 ha à 127 500 qx pouvant semer 102 000 ha ! Le «renouveau agricole», tel qu’officiellement dénommé, a fait que la consommation en divers intrants a également connu une augmentation exponentielle sur la moyenne de 110 000 ha consacrée aux céréales. Il n’en reste pas moins, que même en bonne année de pluviométrie, sur la zone jugée à haut potentiel, comptant près de 18 000 ha dans la daïra montagneuse de Aïn Kihal, la performance atteint péniblement quelques pics entre 50 et 70 qx/ha. Nachi, agronome et attributaire d’une EAI, met en cause les semences livrées par les CCLS : «Leur faculté germinative est faible, il nous faut une semence performante.» Mais lorsqu’on lui oppose le fait que deux champs voisins, et le cas est répandu, livrent de grands écarts de niveau de récolte : «Effectivement, il existe des gens qui ne consentent pas à un investissement conséquent en matière d’itinéraire technique», reconnaît-il. Certains ont des difficultés de trésorerie mais d’autres pas, habitués qu’ils ont été à la rente ? Des terres ne sont carrément pas travaillées, d’autres sont louées à des privés qui en tirent le maximum à coup d’engrais qui au bout de quelques années les rendent stériles, jugent des spécialistes. Du côté des représentants des céréaliculteurs, on oppose la nécessité d’une révision du prix d’achat du quintal de céréales livré à la CCLS. Rappelons que les prix en cours datent de 2008, alors que ceux des intrants, des travaux agricoles et de la main-d’œuvre ont augmenté. Nos interlocuteurs estiment que les 4500 DA pour le blé dur, 3500 DA pour le blé tendre et 2500 DA pour l'orge doivent passer tous au double de façon que les agriculteurs puissent consentir des travaux conséquents du sol, tels les labours profonds.
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