vendredi 23 septembre 2016

Algerie : L’expulsion justifiée par le climat d’insécurité

Depuis l’accord conclu 2014 entre Alger et Niamey, les expulsions de migrants sont devenues fréquentes et obéissent à un agenda flou. Pour les militants des droits de l’homme et les experts, ces expulsions abusives desservent la coopération et le développement régional. «Non, l’Algérie ne jette pas des migrants et des réfugiés dans le Sahara algérien ni au travers» s’insurge un représentant du ministère des Affaires étrangères. «Notre pays a toujours accueilli des réfugiés de toutes les nationalités. L’expulsion n’est pas automatique. De nouveaux paramètres décident du destin des migrants et le contexte sécuritaire régional en est le principal» explique-t-il. Pour beaucoup d’associations et d’ONG, l’argument du sécuritaire est léger. «Un migrant ne cherche pas les problèmes, il veut juste une carte de séjour et un travail. Notre pays ne doit pas expulser des centaines de personnes dans le désert et les abandonner à la famine, aux contrebandiers, aux dangers», déclare Salim Hirèche, militant des droits de l’homme qui, après avoir passé dix ans dans l’associatif, juge que le souci des migrants en Algérie est le «rapport qu’a la société avec eux». M.Hirèche anticipe en précisant que «si on se braque en appliquant les mêmes méthodes qu’en Europe, nous servirons au renforcement des politiques répressives instaurées comme en France». Depuis la signature de l’accord de décembre 2014 entre Alger et Niamey, plusieurs centaines de Nigériens ont été rapatriés par des convois au départ de grandes villes d’Algérie. Les deux pays ont assuré une parfaite coopération pour organiser ces «rapatriements». Pourtant des militants, des avocats, des migrants et même les médias ont alerté contre certains abus. «Les autorités algériennes remplissent des bus sans avoir la confirmation que certains migrants sont bien des Nigériens. C’est un scandale», rapporte Salim Hirèche. Awa a atterri à Agadez avec son enfant de deux ans, elle n’a rien à manger et aucun parent au nord du Niger. «On m’a obligée à prendre le bus car j’étais voilée et je mendiais dans les rues d’Alger. La police est venue me chercher. Je ne connais personne au Niger. Je suis Malienne» avoue Awa, contactée par téléphone. Elle est bloquée depuis des mois à Agadez et aimerait rentrer au Mali. «Même si personne ne m’attend dans mon village, je veux rentrer dans mon pays», espère-t-telle. En août dernier, plus de 400 Maliens ont été expulsés de Tamanrasset par bus, après des heurts avec les habitants. Ces événements ne sont pas les premiers, les mêmes épisodes se sont produits à Ouargla et à Béchar, les bilans sont toujours lourds. «L’Algérie peut mieux faire dans le domaine des droits de l’homme, des réfugiés et des migrants. Les lois doivent être reconsidérées, elles ne sont pas figées et c’est là tout l’intérêt» conclut M. Hirèche. Pour rappel, lors de la Journée mondiale des réfugiés organisée au Centre de recherche en économie appliquée pour le développement (Créad), le 20 juin dernier, un représentant du ministère des Affaires étrangères avait affirmé que son ministère prenait très au sérieux le cas des apatrides et qu’une commission étudiait scrupuleusement le dossier.  

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