dimanche 4 septembre 2016

Baisse significative des prix du mouton

La difficulté de s’offrir un mouton pour les ménages réside dans le fait qu’ils sont confrontés à d’autres charges plus imposantes. Les prix du mouton ont connu, cette année, une chute vertigineuse et significative. Les clients ne se bousculaient pas, hier, au marché aux bestiaux, sis au chef-lieu de la wilaya, pourtant connu à l’échelle nationale. A son ouverture hebdomadaire hier, le marché était presque vide. La difficulté de s’offrir un mouton pour les ménages réside dans le fait qu’ils sont confrontés à d’autres charges plus imposantes. A commencer par les frais engendrés par la rentrée scolaire qui enregistrent des augmentations démesurées. Aux marchés aux bestiaux «autorisés», investis par les éleveurs transhumants venus des wilayas de M’sila et Médéa en particulier, les prix varient entre 25 000DA et 50 000 DA, a-t-on constaté sur place. «Il y en a pour toutes les bourses et le cheptel est de bonne qualité», nous a dit un éleveur venu de Sidi Aïssa dans la wilaya de M’sila. Ce dernier a avoué qu’il a déjà cédé une dizaine de moutons à des prix très bas. Si les éleveurs motivent cette baisse inattendue des prix du mouton, à une semaine seulement de l’Aïd El Adha, par la déficience de la demande alors qu’il y a une abondance de l’offre, des spécialistes ont une autre explication. Pour l’expert en développement Akli Moussouni, avec qui nous nous sommes entretenu longuement sur le sujet, cette baisse résulte de plusieurs facteurs. «Pour bien comprendre le phénomène, il faut faire une analyse globale de la situation du marché national de tous les produits, où trois parties sont impliquées. Tout d’abord, la faiblesse de l’activité du producteur et de l’éleveur au regard de leurs caractères archaïques et traditionnels faisant que les effets négatifs se conjuguent et se multiplient notamment par apport à l’alimentation de plus en plus chère et rare», dit-il. Bouira, carrefour des cheptels  transhumants Soumis à une rude concurrence, l’effectif du cheptel étant trop important par rapport aux possibilités de son alimentation, ces éleveurs  sont aussi les principaux perdants. Ils sont  obli-gés  d’écouler à tout prix un mouton qui risque de leur coûter encore plus cher en cas de mévente. S’agissant du consommateur, à son tour,  l’expert pense qu’il ne sait plus où se donner la tête «pour gérer un budget familial dont environ la moitié est destinée depuis plusieurs années à l’alimentation en périodes sans événements. Ce qui caractérise l’aberration du cas algérien, sachant que dans les économies développées, ce ratio ne dépasse guère les 10%», explique M. Moussouni, en confirmant également l’inflation des prix de produits de la rentrée scolaire et sociale, en l’occurrence l’habillement et les articles scolaires. Dans la wilaya de Bouira, qui s’est distinguée ces dernières années par l’apparition d’épidémies touchant les différents cheptels, il y a lieu de relever  que cette région dispose d’un des plus grands marchés aux bestiaux du pays (ovins et bovins), faisant de la région, de par sa position géographique, un site de prédilection qui s’est transformé depuis quelques années en véritable carrefour des cheptels transhumants à l’origine, d’ailleurs, des maladies dévastatrices à l’image de la fièvre aphteuse et la clavelée touchant de plein fouet le cheptel de la wilaya. Une chose est certaine : en l’absence de discipline de production, de transport et de mise en vente ainsi que d’encadrement sanitaire,  que M. Moussouni estime impossible à imposer dans cette anarchie de l’agriculture algérienne, «il n’est pas aisé d’assurer un contrôle sanitaire à tous les niveaux». «Il n’y a donc pas lieu de récupérer une situation inédite par des effets d’annonce trompeurs exploitant cette baisse des prix à une quelconque démarche de perfectionnement de secteur agricole qui n’a jamais eu lieu», conclut  M. Moussouni.  

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