lundi 26 septembre 2016

Coup de gueule de Zohra Drif contre le silence de l’Etat et du FLN

Lors d’une conférence de presse, l’ex-sénatrice a commencé par préciser qu’elle exprime «l’inquiétude de la majorité des membres du groupe des 14 anciens cadres de la Révolution, mais aussi de nombreux autres moudjahidine à travers le pays». Le silence est une trahison», a crié hier, la moudjahida Zohra Drif, à propos du mutisme des autorités face aux graves dérapages du président de l’Association française des familles des victimes du terrorisme (AFDT), en énumérant l’attentat contre le Milk Bar, en 1956, sur la liste des actes terroristes et en qualifiant les auteurs de terroristes. La moudjahida Zohra Drif-Bitat a qualifié hier le silence des autorités, de l’Organisation nationale des moudjahidine (ONM) et de la direction actuelle du FLN, face aux graves déclarations de Guillaume Denoix de Saint Marc, président de l’AFDT, de «trahison». Lors d’une conférence de presse, l’ex-sénatrice a commencé par préciser qu’elle exprime «l’inquiétude de la majorité des membres du groupe des 14 anciens cadres de la Révolution, mais aussi de nombreux autres moudjahidine à travers le pays». Elle dit avoir attendu une semaine «une quelconque réaction officielle du ministre des Moudjahidine, du Premier ministre, de l’ONM contre cette grave dérive, mais rien. C’est le silence. Un silence qui m’inquiète lourdement et qui m’interpelle. Seul Ahmed Ouyahia a réagi en tant que secrétaire général du RND. Se taire devant ces graves propos, c’est trahir la mémoire de nos martyrs. Hassiba n’a pas voulu mourir à la fleur de l’âge. Elle s’est sacrifiée pour la dignité et la souveraineté du pays». «Nous sommes tenus par l’obligation de respect et de défense de sa mémoire», a lancé avec virulence l’ancienne sénatrice avant de lire sa déclaration aux journalistes. Elle explique : «Le 19 septembre dernier, sur la place des Invalides à Paris (France), une cérémonie d’hommage aux victimes du terrorisme est organisée par l’AFDT en présence du président François Hollande et de membres de son gouvernement. Durant cet événement public, dont le caractère officiel est on ne peut plus clair, Guillaume Denoix de Saint Marc (…) énumère un certain nombre d’attentats terroristes ayant visé la France à travers l’histoire, partant des attentats de 2016 revendiqués par Daech, puis ceux de 1995 revendiqués par le GIA en remontant jusqu’aux années 1950 et, dans un raccourci aussi grave qu’infamant et criminel, assimile nos actions de lutte pour la libération nationale et de la guerre d’indépendance à des actes terroristes, puisque l’attentat du Milk Bar, en date du 30 septembre 1956, est énuméré dans la liste de Guillaume Denoix de Saint Marc, mon nom et celui de ma sœur de combat, Djamila Bouhired, ont été cités.» Pour l’oratrice, «le pouvoir français et ses organisations satellites semblent oublier que l’Algérie est l’un des premiers pays à avoir subi les affres du terrorisme islamiste, durant plus d’une décennie (…) pendant que nous résistions dans la solitude et l’adversité les plus totales, nous n’avions trouvé auprès des Etats occidentaux, dont la France, ni soutien, ni solidarité, ni même compassion. Au contraire, la France et l’Occident ont tout fait pour mieux nous accabler, nous isoler, allant jusqu’à nous refuser sur la scène internationale le droit et le devoir de résister à l’hydre islamiste. La campagne criminelle du ‘‘qui tue qui’’ ne visait-elle pas à absoudre les terroristes de leur crime, revendiqué haut et fort, et à accabler notre Etat républicain notamment notre armée et tous ceux qui résistaient ? Pour ma part, je doute fort que les promoteurs de Daech et autres GIA deviennent subitement leurs ennemis». Assimiler Ben M’hidi à Massu et Jean Moulin à Hitler Revenant sur l’attentat contre le Milk Bar, qu’elle déclare «revendiquer pleinement», Zohra Drif le qualifie d’action menée dans le cadre de la glorieuse Guerre de Libération nationale au nom de l’ALN-FLN, contre la France coloniale. «Le mettre sur la liste des attentats terroristes revient à assimiler la lutte de libération, par essence légitime, juste et absolument nécessaire, à une œuvre de terreur, par essence illégitime injuste et condamnable. Cette grave assimilation est moralement infamante, insupportable et dégradante car, au-delà de ma modeste personne, ce sont tous les chouhada, les chahidate (martyrs), tous les moudjahidine et toutes les moudjahidate qui sont offensés et salis. Cette assimilation constitue politiquement une grave attaque contre notre Etat national, indépendant et souverain tel que conçu durant la Guerre de Libération et enfanté par elle. Elle est politiquement très grave, car outre qu’elle délégitime notre combat libérateur en remettant en cause le droit de notre peuple d’user de tous les moyens pour se libérer de l’indu occupant, elle vise à refuser aux peuples aujourd’hui colonisés, comme la Palestine et le Sahara occidental, leur droit légitime à user de tous les moyens pour se libérer. Elle vise à contrario à légitimer l’usage de tous les moyens par les néocolonialistes aux fins de détruire les indépendances, les souverainetés nationales chèrement acquises.» Plus grave encore, pour l’ancienne sénatrice, assimiler la Guerre de Libération aux mouvements terroristes islamistes veut dire «assimiler un mouvement de résistance foncièrement libérateur à un mouvement de terreur totalitaire, un Ben M’hidi à Massu, un Jean Moulin à Hitler et aux nazis, un bourreau à sa victime et un mensonge à une vérité». L’aboutissement, souligne-t-elle, est le chaos, qui est le terrain favorable à tous les aventuriers, ennemis des Etats indépendants, souverains, jaloux des intérêts du peuple. L’oratrice se montre très déçue par le silence observé par les autorités mais aussi par la direction actuelle du FLN, qui selon elle, «a complètement rompu et divorcé avec ce pourquoi le FLN avait été créé, à savoir l’indépendance nationale». Elle rappelle qu’en vertu de la Constitution, «l’Etat et le gouvernement sont responsables de la défense et de la protection de tout l’héritage de nos glorieuse Guerre de Libération nationale, de ses acteurs et de ses symboles. Je ne m’attends pas à un banal exercice de communication. J’attends de mon Etat, de mon gouvernement, de mon ministre de tutelle, qu’ils assument leur responsabilité constitutionnelle. J’ai attendu, en vain, la réaction de l’ONM, dont les statuts visent la défense des intérêts moraux des moudjahidine. Je dois avouer aussi que j’attendais surtout la réaction du parti FLN qui prétend continuer le combat mené par le FLN historique durant la Guerre de Libération en préservant et en le consolidant l’indépendance et la souveraineté de l’Etat algérien». Interrogée sur le groupe des 14, Zohra Drif annonce que la collecte des signatures pour un nouveau salut à la tête du FLN se poursuit, précisant qu’elle a drainé au moins une soixantaine de noms parmi les figures de la famille révolutionnaire. «Nous nous concertons régulièrement mais nous ne voulons pas aller vers les médias jusqu’à ce que tout soit finalisé et ce sera pour bientôt», nous dit-elle.  

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