lundi 26 septembre 2016

Grave dérapage de Hollande

Le président français, François Hollande, a «reconnu», hier, la responsabilité de la France «dans l’abandon des harkis», ayant combattu avec l’armée française durant la Guerre de Libération nationale. «Je reconnais les responsabilités des gouvernements français dans l’abandon des harkis, les massacres de ceux restés en Algérie et les conditions d’accueil  inhumaines de ceux transférés en France», a déclaré le chef de l’Etat français, lors d’une cérémonie officielle d’hommage à Paris. Selon l’AFP qui a rapporté la déclaration, François Hollande, qui a été applaudi par les représentants des harkis présents dans l’assistance, a soutenu que «la France a manqué à sa promesse, elle a tourné le dos à des familles qui étaient pourtant françaises». Cette déclaration solennelle de François Hollande, faite en présence de plusieurs responsables politiques — dont l’ancien président de droite Nicolas  Sarkozy et la chef de file de l’extrême droite, Marine Le Pen — était très attendue par la communauté harkie, aujourd’hui forte de 500 000 personnes en France, note l’agence française de presse. Hollande s’était engagé à reconnaître cette responsabilité dès avril 2012, durant la dernière campagne présidentielle. Cette reconnaissance au nom de la France avait aussi été faite par Nicolas Sarkozy en avril 2012, lorsqu’il était encore chef de l’Etat, huit jours avant le premier tour des élections présidentielles. S’annonçant comme un sujet porteur de la campagne pour les prochaines élections présidentielles, la question des harkis est remise au goût du jour. Plusieurs candidats à la primaire de la droite pour l’élection présidentielle 2017 avaient évoqué ce thème sensible dans le pays, donnant à cette journée annuelle d’hommage aux harkis des allures de précampagne électorale. «Le drame des harkis est celui de toute la France (...) Une tache de sang indélébile reste sur notre drapeau», a notamment lancé samedi Nicolas Sarkozy, lors d’un meeting électoral, rapporte la même source. Ce n’est pas la première fois que François Hollande parle des harkis et des pieds noirs. Dans une interview accordée à France Culture en mai dernier, il avait soutenu que «quand on parle du 19 Mars, on sait (que) c’est la fin de la Guerre d’Algérie, mais c’est aussi le début d’un certain nombre de massacres, dont les pieds noirs ou les harkis ont été victimes». Contacté hier, maître Ali Haroun, qui était à l’époque membre du Conseil national de la Révolution algérienne (CNRA), souligne qu’«en tant qu’Algériens, on n’a pas d’observation à faire sur la manière dont les harkis ont été accueillis en France dans des camps d’internements, ce sont des rapports franco-français». «François Hollande sous-entend que les harkis ont été massacrés, là je dis que jamais l’autorité du FLN, en juin, juillet et août 1962, n’a autorisé ou invité les Algériens ou l’ALN à se venger des harkis. Au contraire», précise Ali Haroun. Selon lui, les responsables de la Wilaya III et ceux de la Wilaya IV avaient demandé de «ne pas toucher aux harkis mais de les ramener aux postes de commandement». «Jamais le FLN ou le GPRA n’ont incité les Algériens à se venger de ceux qui ont aidé le colonisateur», indique encore Ali Haroun, qui souligne que «c’était regrettable, il y a eu des initiatives à l’échelle locale, dans des villages, contre des gens qui ont aidé le colonisateur». «Ces dépassements sont spécifiques aux pays qui ont connu des révolutions», ajoute l’avocat, qui donne l’exemple «des villageois français qui s’en sont pris spontanément aux anciens collaborateurs nazis».

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