lundi 3 juillet 2017

«Les suspects ont été arrêtés pour d’autres crimes»

Alors que tout portait à croire que l’affaire de la disparition énigmatique du petit Houssam Belkacemi commençait à être élucidé, voilà que le ministre de la Justice, Tayeb Louh, se montre prudent, en appelant, hier matin, les médias à s’éloigner des «conclusions hâtives» qui, selon lui, peuvent être contraires aux résultats de l’enquête enclenchée par les autorités compétentes. Le petit Houssam était porté disparu de son domicile à Bou Ismaïl depuis mercredi dernier. Samedi, en milieu de matinée, un appel anonyme informe les services de la Protection civile de la noyade d’un enfant dans une mare d’eau près de l’autoroute reliant Bou Ismaïl à Khemisti, wilaya de Tipasa. Accompagnés d’une escouade de gendarmes, les sapeurs-pompiers ont pu repêcher le corps inanimé de Houssam et, selon des sources médicales, en situation de non-décomposition. Après son identification par des membres de la famille, son corps a été transféré vers la morgue, où une autopsie a été pratiquée pour connaître l’origine de la mort. Selon nos interlocuteurs, celle-ci «a été provoquée par noyade et aucune trace de violence n’a été décelée…». L’enquête est toujours en cours et les rumeurs les plus folles entourent les circonstances de cette tragédie, notamment après l’arrestation, samedi dernier, de deux suspects et la saisie d’un véhicule garé dans un garage près du domicile familial situé à la Cité des neuf martyrs, à Bou Ismaïl. Pour le ministre de la Justice, Tayeb Louh, «l’enquête préliminaire est en cours avec précision tant au niveau des procédures relatives au constat des faits qu’à celles de l’autopsie». S’exprimant en marge de la séance de clôture de la session du printemps du Parlement, il a précisé : «Une fois les résultats préliminaires connus, le procureur de la République tiendra une conférence de presse pour les annoncer  et l’opinion publique sera informée des tenants et aboutissants de cette affaire ‘‘complexe’’.» Mieux encore, selon lui «il y a des suspects qui sont placés en garde à vue, mais ils seraient liés à d’autres crimes». Alors, il appelle les médias à s’éloigner «des conclusions hâtives. Il s’agit d’une catégorie vulnérable, à savoir les enfants, d’où la nécessité de tenir compte du caractère sensible de l’affaire.» Les déclarations du ministre laissent croire que jusque-là les services de sécurité n’ont pas de pistes précises sur les circonstances de cette tragédie. Ce que nous confirment des sources bien informées proches de l’enquête. «Pour l’instant, aucune thèse n’est privilégiée. Les suspects ont été interpellés et sont en train d’être interrogés par les gendarmes dans le cadre de l’enquête, mais rien n’indique qu’ils sont impliqués dans cette affaire», expliquent nos interlocuteurs. Ce qui est certain, c’est que depuis l’alerte donnée sur la disparition de Houssam, les services de la gendarmerie nationale ont déployé des moyens importants, mais n’ont pu localiser le corps de l’enfant que grâce à un appel anonyme sur le numéro vert de la Protection civile. Ce qui suscite des interrogations quant à l’efficacité du Plan national «Alerte rapt d’enfants» mis en place en janvier 2016 par l’ex-Premier ministre, Abdelmalek Sellal. Ce dernier, faut-il le rappler, avait instruit par écrit toutes les institutions de l’Etat et les organismes publics, comme les médias, les supports publicitaires, les opérateurs de téléphonie, les ports et aéroports à relayer les alertes dans une synergie préétablie, sous la direction du procureur de la République, à l’effet de concourir à retrouver l’enfant en danger et en vie dans les meilleurs délais possibles. Dans l’instruction en question, le Premier ministre avait chargé chacun dans la sphère de ses compétences «de veiller personnellement à mettre en place ledit plan d’alerte avec célérité et la rigueur exigée par l’importance de cette question de concert avec les instances judiciaires concernées». Mais qu’en est-il sur le terrain ? Quelques mois seulement après cette instruction, le petit Nacereddine Talekht a été retrouvé mort à Aïn Fekroune, dans la wilaya d’Oum El Bouaghi, le corps découpé et jeté dans un sac en plastique. Durant la même semaine, un autre enfant, disparu auparavant de son domicile à la cité Taboukert à Tizi Ouzou, a été retrouvé gravement blessé, alors que l’affaire de la petite Nihal avait tenu en haleine l’opinion publique. Cette enfant de 4 ans avait été retrouvée morte plusieurs jours après sa disparition de sa maison dans la région de Ouacif, à Tizi Ouzou. Dans leur bilan pour l’année 2016, les services de la gendarmerie nationale avaient constaté 23 cas d’enlèvement de mineurs, un phénomène à la hausse souvent associé à celui de la pédophilie. Face à cette recrudescence, la société civile n’a cessé de faire pression sur le gouvernement, sommé de protéger les enfants. Le bilan de la 1re année du Plan national «Alerte enlèvement et disparition d’enfants» ne semble pas répondre à l’attente.  

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