jeudi 17 août 2017

Les bons et mauvais points du Département d’Etat

Le Département d’Etat américain, à travers son bureau démocratie, droits de l’homme et travail, vient de rendre public son rapport sur les libertés religieuses en Algérie pour l’année 2016. Un long et sombre rapport dans lequel sont énumérées de manière assez exhaustive toutes les entraves et toutes les atteintes aux libertés religieuses subies tant par les individus que par les communautés religieuses comme les Ahmadis ou les néo-convertis au christianisme. D’emblée, les rédacteurs du rapport rappellent que la Constitution algérienne garantit la liberté de culte mais que, cependant, l’islam est religion d’Etat et que les citoyens ont le droit de pratiquer leur religion aussi longtemps qu’ils se soumettent aux lois en vigueur et ne troublent pas l’ordre public. Manière de dire que cette liberté théorique de conscience et de culte est balisée par un arsenal de dispositions restrictives que le rapport énumère, par ailleurs un peu plus loin, dans le détail. La plus grande atteinte à la liberté religieuse a été répertoriée contre la communauté ahmadite ciblée par près de 83 arrestations opérées par la police dans les villes de Sétif, M’sila, Blida et Skikda, et ce, pour activités religieuses non autorisées telles que les prières collectives et la publication de livres religieux. Le rapport cite le cas de Slimane Bouhafs, chrétien converti accusé d’«insulte envers le Prophète Mohamed» et condamné à trois ans de prison ferme, tout comme il cite le cas de Samir Chamek qui a écopé de 5 ans de prison ferme pour le même délit. Les cas du journaliste Mohamed Chergui condamné à 3 ans de prison ferme, de Rachid Fodil et Hicham Daïf, condamnés respectivement à 5 et à 3 ans de prison ferme pour des attaques contre l’islam et son Prophète sur leurs pages Facebook ont également été répertoriés. Au chapitre des restrictions religieuses, le rapport affirme que les pouvoirs publics continuent de contrôler l’importation des livres religieux et que des associations chrétiennes se plaignent de voir leurs demandes d’importer des bibles sans réponse ou repoussées indéfiniment. Le rapport signale également que des voix officielles au sein du gouvernement algérien se sont élevées à plusieurs reprises pour dénoncer l’appel à la violence au nom de l’islam, ces voix ont aussi critiqué la propagation du «salafisme extrémiste», du wahhabisme, de l’islam chiite, ahmadi et Bahai. Le rapport cite aussi des cas de menaces, de discrimination à l’emploi et d’intolérance envers des musulmans nouvellement convertis au christianisme, les pratiquants de rites religieux musulmans autres que sunnite, les juifs et les chrétiens contraints de faire profil bas. La communauté chrétienne en Algérie est estimée entre 20 000 et 200 000 personnes dont une majorité d’étrangers expatriés. Les chrétiens vivent majoritairement dans les grandes villes comme Alger, Annaba et Oran et la communauté protestante possède une aile évangélique principalement installée en Kabylie. Des groupes et des associations chrétiens font face à des entraves administratives, attendant indéfiniment d’être reconnus officiellement ou de voir leurs demandes formulées à l’administration rester sans réponse. Le rapport du Département d’Etat américain rappelle que si la loi algérienne n’interdit pas la conversion religieuse, le prosélytisme de non-musulmans envers les musulmans, de quelque manière qu’il s’exerce, est pour autant un délit majeur puni d’un emprisonnement qui peut aller jusqu’à 5 ans de prison ferme et un million de dinars d’amende. L’offense et l’insulte au Prophète de l’islam et à d’autres prophètes sont punies par des peines de 3 à 5 ans de prison ferme. La loi définit la manière et les conditions dans lesquelles s’exercent les services religieux quels qu’ils soient et toute manifestation religieuse est soumise à une autorisation du wali, rappellent les rédacteurs du rapport qui soulignent que la Constitution algérienne interdit aux non-musulmans de se porter candidats à la Présidence du pays alors que le code de la famille interdit aux femmes musulmanes d’épouser des non-musulmans sauf s’ils se convertissent à l’islam, mais la même disposition n’est pas appliquée aux hommes, libres d’épouser des femmes chrétiennes ou juives, et que les convertis à d’autres religions sont exclus des droits d’héritage et de succession.

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