mercredi 23 août 2017

Les «souikate» plus nombreuses que les points de vente autorisés

A une semaine de la célébration de l’Aïd El Adha, les nombreux marchés improvisés de vente du cheptel ovin imposent leur logique des prix à Sidi Bel Abbès. Maquignons et autres revendeurs préfèrent écouler leur cheptel en ces lieux non contrôlés, où ils fixent à leur guise les prix. Et surtout pour s’assurer une confortable marge bénéficiaire, et ce, quelle que soit la tendance du marché. Une virée, lundi, dans les points de vente informels du quartier de Sidi Djilali nous a permis de constater une stabilité du prix du mouton, cédé entre 32 000 et 54 000 DA. «Les prix devraient chuter à quelques jours du sacrifice en raison notamment de la cherté du prix de l’aliment de bétail», explique Noureddine, un jeune revendeur qui a installé son enclos à la mi-août à l’intérieur même d’une cité d’habitation. Il a déjà réussi à vendre une cinquantaine de moutons, même si les clients ne se bousculent pas encore. Selon ce revendeur, l’abondance du cheptel dans les zones d’élevage des Hauts-Plateaux et les coûts élevés des aliments de bétail  laissent présager une baisse des prix dans les «souikate» (marchés à bestiaux) qui commencent à prendre forme à la périphérie de la ville. Pour lui, il est difficile de cerner le nombre exact des marchés informels qui par le fait de leur taille (des enclos où sont parqués moins d’une centaine de têtes) et leur emplacement (cités populaires et périphérie des villes) prospèrent à depuis quelques semaines. Des maquignons qui ont pignon sur rue choisissent chaque année, selon les connaisseurs des arcanes du monde agricole, les emplacements des points de vente informels et en assurent l’approvisionnement à partir des wilayas de Tiaret, El Bayadh et Djelfa. Le marché officiel du vieux quartier dit le «Campo» s’est mis  lui, à partir de dimanche, à accueillir ses premiers clients. L’arrêté du wali autorisant l’ouverture des points de vente contrôlés a été paraphé le 19 août, indique M. Bedek, directeur par intérim des services agricoles (DSA). Sept points de vente contrôlés et encadrés par des médecins vétérinaires sont ainsi fonctionnels au chef-lieu de la wilaya, Sfisef, Telagh, Ras El Ma, Lamtar, Sidi Lahcen et Aïn El Berd. «Les prix des moutons vont forcément baisser avec l’ouverture des marchés contrôlés», soutient-il, tout en précisant que «le souci principal des autorités publiques, cette année, est surtout de prévenir tout risque sanitaire». En ce sens, les services agricoles ont d’ores et déjà déployé à travers tous les points de vente officiels, 36 médecins vétérinaires, dont la mission se poursuivra au-delà du jour de l’Aïd El Adha. «Outre l’opération Aïd sans kyste, nous avons sollicité des vétérinaires privés pour assurer des permanences sanitaires au niveau des abattoirs municipaux», ajoute M. Bedek. S’agissant du phénomène de putréfaction des carcasses de moutons qui a marqué les esprits de nombreux pères de famille l’année passée, notre interlocuteur tient à rappeler que nul n’était en mesure de déceler ces symptômes avant qu’ils ne se déclarent. Pour cette année, une cellule d’écoute a été mise sur pied à la DSA pour alerter les services compétents sur d’éventuelles anomalies durant la période du sacrifice. Abdelkader B., père de famille à la retraite, garde d’ailleurs un souvenir amer de l’Aïd de l’année dernière. «Cette fois-ci, j’ai juré de ne plus fréquenter les marchés informels. C’est auprès d’un éleveur de la localité de Telmouni que j’ai passé commande pour une évidente question de traçabilité», nous dit-il. Beaucoup de personnes interrogées prêtent ces derniers temps à Sidi Bel Abbès une oreille attentive aux inévitables commentaires et autres conciliabules touchant non seulement au prix du mouton, mais surtout à sa qualité. Une qualité à laquelle ils tiennent plus que jamais, car ils gardent pour la plupart à l’esprit la mésaventure vécue au 2e jour du  précédent Aïd El Adha par de nombreuses familles qui ont été désagréablement surprises par d’inquiétants symptômes de putréfaction apparus sur les carcasses de leurs moutons dont ils se sont, d’ailleurs, débarrassés illico presto. Une déconvenue qui, du reste, a «gâché» quelque peu la fête. Il nous a été donné ainsi de constater au niveau du marché le Campo, tôt le matin, que l’aspect qualité prime nettement sur celui du prix. «Avant, je négociais des heures durant le prix du mouton avec des maquignons généralement intransigeants. Maintenant, je fais beaucoup plus attention aux conditions sanitaires pour ne pas vivre le calvaire qu’ont connu la plupart de mes voisins», nous fait part M. Sellami, employé dans une banque publique. Selon lui, bon nombre de ses collègues ont opté cette année pour des achats groupés auprès d’éleveurs de la région, notamment ceux des localités de Tessala, Sidi Brahim et Ras El Ma. «Même si les prix sont nettement plus élevés que ceux pratiqués dans les ‘‘souikate’’, beaucoup préfèrent faire leurs achats dans les fermes de la région pour ne pas avoir de surprises le jour du sacrifice», révèle-t-il. Pour le directeur par intérim de la DSA, seule une prise de conscience des acheteurs quant aux risques sanitaires que posent les marchés informels est à même d’éviter la mésaventure vécue en 2016 par des milliers de familles.                       

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