lundi 14 août 2017

Rendre leur honneur à nos valeureux martyrs

Par Ali Djaâboub Fils de chahid En prenant connaissance des différents articles, aussi bien d’universitaires que de simples citoyens, dédiés aux valeureux fils de notre pays qui ont consacré leur vie d’ici bas à défendre leur patrie et se sont sacrifiés pour que leur descendance vive libre mais dont l’honneur continue d’être bafoué par le colonisateur, je me sens le devoir en tant que fils de chahid qui ignore à ce jour où est enterré son père assassiné par l’envahisseur qui le détenait dans ses geôles, de venir apporter mon modeste soutien aux efforts consentis pour qu’enfin nos pères et aïeux puissent recevoir une sépulture décente. La France coloniale a exilé des résistants algériens vers d’autres cieux, décapité nombre de compatriotes et jeté beaucoup d’autres dans des fosses communes, après les avoir lâchement assassinés pendant sa présence imposée chez nous, qu’elle a gardé secrètes et dont nombre d’entre ces fosses continue de l’être. La France d’aujourd’hui expose les crânes des résistants tués tels des trophées dans ses musées qu’elle qualifie péjorativement, ou impudiquement dirai-je, de «Musée de l’homme» et continue de taire l’emplacement des charniers de ceux qu’elle a assassinés durant la guerre de Libération, tout comme elle persiste à séquestrer nos archives et les innombrables trésors matériels et culturels qu’elle a accaparés tout au long de son occupation de notre pays. De par sa volonté à continuer de maintenir les restes humains en sa possession et à refuser de les restituer à leur pays d’origine et du fait de sa position sur les autres volets en rapport avec la question de son passé expansionniste, la France semble vouloir perpétuer sa guerre coloniale contre les peuples qu’elle a opprimés pendant longtemps et qui ont fini par la chasser. Pire, en les exhibant de la sorte, elle semble narguer les peuples anciennement colonisés et leurs Etats. Faisant passer son ego raciste avant le côté humaniste d’une restitution qui exprimerait la valeur humaine qui rehausserait son auteur avant tout autre considération, cette puissance persiste dans la négation et son œuvre néfaste. Quel honneur la France, qui se dit «pays des Libertés », tire-t-elle en exposant dans ses musées les crânes humains que ses soldats ont décapités durant la sinistre période coloniale de son Histoire ? Quelle fierté peut-elle avoir à rappeler au monde son passé expansionniste et raciste ? Peut-on éprouver un quelconque honneur à exhiber au monde son passé esclavagiste ? L’universitaire Brahim Senouci suggère dans son article «Le pouvoir français craint de dégarnir ses musées», paru dans le quotidien national El Watan du 7 août 2017, que l’une des raisons qui justifierait le manque d’engouement des deux pays, l’Algérie et la France, à voir le dénouement de cette affaire serait le fait qu’au fil des années, les pouvoirs algérien et français ont créé un réseau complexe d’amitiés et d’intérêts qu’ils souhaitent probablement conserver. Dans ce cas, et si les supputations de l’auteur de cet article se confirmaient, que reste-t-il des valeurs humaines dont les deux gouvernements se prévalent ? Où se situe l’intérêt des peuples dont nos gouvernants nous rebattent les oreilles à tout bout de champ ? Que fait-on de l’honneur de toute Nation dont les crânes de ceux de ses fils qui se sont sacrifiés pour son indépendance et la liberté de son peuple sont, dans l’indifférence complète, exposés comme des trophées de guerre dans les musées de l’ennemi d’hier et probablement d’aujourd’hui ? Au regard des 2% d’archives récupérées après 55 ans et de la non-résolution de toutes les questions encore en suspens, ne sommes-nous pas en droit de nous poser des questions sur ces résultats insignifiants pendant que ce pays provocateur bénéficie de privilèges sur le plan de l’octroi de marchés qu’aucun autre pays n’a pu obtenir ? Les restes mortuaires de nos aïeux ne sont pas les seuls à être séquestrés par l’ancien pays colonisateur de notre pays qui s’est adonné tout au long de sa présence à des atrocités et des crimes innommables, nous avons le devoir d’y inclure les dépouilles des milliers de martyrs exécutés et jetés dans des fosses communes et dont nous ignorons à ce jour l’emplacement, mais que leurs exécuteurs ont certainement situés dans des cartes. Ou encore les dépouilles des exilés en Calédonie et en d’autres lieux. Ces différentes catégories sont également à comptabiliser dans la liste des reliquats qui attendent d’être soldés avant de parler des innombrables trésors matériels et culturels que la France a accaparés tout au long de sa présence chez nous. Cette noble mission incombe, certes et avant tout, à l’Etat qui doit faire preuve de plus de fermeté sur ces questions avant quiconque d’autre, mais elle interpelle toutes les consciences humaines dans notre pays, dans le monde et également dans le pays auteur des infamies d’hier. C’est pourquoi il est du devoir de tout un chacun d’encourager les actions initiées et d’y adhérer pleinement non seulement pour ce qui concerne notre pays, mais aussi pour tous les cas similaires à travers le monde.  

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire