lundi 14 août 2017

«La Ligue arabe doit se réformer sinon elle est vouée à disparaître»

Après un long périple qui l’a conduit dans plusieurs pays arabes, le chef de la diplomatie algérienne, Abdelkader Messahel, est revenu avec l’intime conviction de la nécessité de «réformer profondément» la Ligue arabe. Le ministre des Affaires étrangères algérien dresse à cet effet le tableau d’un monde arabe en «ébullition, en conflit, dont des pays comme la Syrie, la Libye, l’Irak, le Yémen connaissent des graves crises et menacés par le terrorisme», a-t-il déclaré, hier lors d’une rencontre avec la presse. Reçu par plusieurs dirigeants arabes, le chef de la diplomatie algérienne a indiqué avoir «perçu chez eux le souci pour que le monde arabe se ressaisisse et cela passe par le dialogue et la concertation». Pas seulement. Pour M. Messahel l’urgence est « dans  la réforme profonde de la Ligue arabe pour en faire un  instrument qui s’adapte aux mutations que connaît la région et le monde, mais surtout pour qu’elle puisse être efficace. Aujourd’hui, elle est dans l’incapacité à résoudre ses propres crises. Une réforme profonde est nécessaire pour qu’elle puisse se réapproprier le règlement de ces conflits, se doter d’une vraie stratégie, et qu’elle puisse peser sur les décisions qui l’a concerne. Sinon elle est vouée à disparaître», plaide Abdelkader Messahel. Il rappelle à ce propos que l’Algérie a présenté un document dans ce sens et s’emploie à convaincre des pays membres pour pousser dans le sens de la réforme. Il est vrai que depuis les insurrections qu’ont connu certains pays arabes depuis 2011, l’organisation panarabe est devenue la caricature d’elle-même. En somme, la tournée diplomatique dans un monde arabe en convulsion et « qui se cherche » a permet à Abdelkader Messahel d’avoir un panorama complet sur les principaux points brûlants de la région, mais il se défend d’être porteur d’une quelconque initiative algérienne pour le règlement de la crise du Golf. «Il n’existe pas d’initiative algérienne, par contre nous soutenons toute solution politique qui passe par le dialogue dans le cadre du Conseil de coopération du Golf», appuie Abdelkader Messahel qui rappelle que Alger se situe «à équidistance de toutes les parties. Une position qui nous permet de parler à tout le monde en toute indépendance.» Il faut admettre que la nouvelle crise qui oppose violemment les monarchies du Golf est d’une extrême complexité et qui va en complexifiant un monde arabe pris dans une spirale infernale. Si pour le moment, le risque d’affrontement militaire a été évité, il n’en demeure pas moins que la tension ne baisse pas. Entre la coalition menée par l’Arabie saoudite qui entend «re-dresser » le petit Emirat du Qatar et ce dernier qui n’entend pas se laissé faire en se jetant dans les bras de la Turquie d’Erdogan, les monarchies du Golf prennent le «pari» de la polarisation. Partisane d’une solution politique du règlement des conflits, en rejetant par principe toute intervention étrangère, n’a pas manqué de rappeler les désastreuses conséquences des dures, comme ce fut le cas en Libye, en Iraq et en Syrie. Il était aussi question lors du déplacement de M. Messahel de la lutte contre le terrorisme et de l’expérience algérienne en la matière. «La déradicalisation –thème cher au ministre- est une expérience qui suscite l’intérêt des pays arabes dont beaucoup affichent une volonté de changement quant au à l’islamisme radical», soutien-t-il. Par ailleurs, le voyage arabe de Abdelakder Messahel avait aussi et surtout  un objectif économique, assure-t-il. Convaincre certains pays de la région de venir investir en Algérie. «De l’avis de tout le monde, l’Algérie est aujourd’hui un pays stable et sur. Elle représente un marché potentiel et surtout l’Algérie permet l’accès à l’Afrique de l’Ouest notamment. Avec nos partenaires arabes, nous avons discuté essentiellement de l’économie et des commissions mixte exclusivement économiques vont voir le jour», a précisé le chef de la diplomatie algérienne. Le ministre des Affaires étrangères qui se dit ne pas faire dans la « diplomatie du spectrale» n’a pas manqué d’aborder la question de l’immigration qui alimente la chronique nationale. Il précise plus sa pensée en nuançant son propos au sujet de la présent des subsahariens  en Algérie. «Nous avons assisté ces derniers temps à un flux pas normal. Il est établi qu’une connexion entre le crime organisé et la migration clandestine, il y a des réseaux criminels et nous avons sonnés l’alarme », précise-t-il. Quant au règlement de cette problématique, «il se fait dans le cadre des conventions internationales et des accords que nous avons avec les pays concernés dans un cadre bilatéral. Des discussions sont en cous pour élaborer des nouvelles lois pour mieux cadrer juridiquement la question de la migration », indique encore le ministre des Affaires étrangère.

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