Chantal Lefèvre, gérante de la plus ancienne imprimerie d’Algérie, la célèbre Mauguin de la place des Mûriers (placet Etout), à Blida, est décédée, le samedi 18 octobre 2015, à Sanary, près de Toulon (France), des suites d’une longue maladie, à l’âge de 69 ans. Chantal Lefèvre était «cette louve blanche», cette sympathique et familière silhouette de placet Etout, cette âme sœur de Blida, cette Calliope (muse de la poésie) adorant nourrir les pigeons, est née en 1946 à Alger, dans le quartier du Télemly, où elle a fait son cursus scolaire primaire et moyen. Elle rejoint le lycée Fromentin (renommé Descartes) et est rattrapée par l’histoire de la guerre. Elle s’exile à Toulouse, où elle obtient son bac en pensionnat. «Je ne voulais pas rester en France», mais elle fera deux années de secrétariat de direction à Nice. Elle part en Espagne où elle exerce chez Saint Gobain à Madrid ; puis, elle est professeur de français à l’Institut de Madrid. Elle prépare et obtient une licence de psychologue clinicienne. Elle revient dès 1980 pour de courts séjours en Algérie, où elle s’installe définitivement en 1993. Depuis, elle gère le patrimoine familial, dont l’imprimerie Mauguin de Blida et la librairie éponyme. Les belles lettres, chez Chantal Lefèvre, sont une histoire de famille. Le métier d’imprimeur est exercé depuis 1857. L’impression et l’imprimerie ont fonctionné presque sans discontinuer. L’affaire familiale est «passée de main en main toujours avec la même ambition, la même philosophie», aimait-elle rappeler. En fait, ce sont trois familles apparentées, les Mauguin, les Bullinger, les Lombard et enfin les Lefèvre qui se sont succédé à la tête de cette entreprise. Mais le mérite revient à Alexandre Mauguin qui, le premier, a eu l’idée de fonder cette institution. «C’est mon arrière-grand-père maternel, Alexandre, venu de Bourgogne à l’âge de 8 ans avec sa famille au milieu du XVIIIe siècle, qui en est le concepteur. La famille a atterri à Cherchell avant de se fixer à Blida.» Rongée par la maladie, Chantal Lefèvre avait réuni tous les employés de l’imprimerie Mauguin. «Prenez soin de Mauguin, c’est votre gagne-pain», a-t-elle laissé comme consigne testamentaire.
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