jeudi 31 décembre 2015

Ghardaïa, le sanglant tournant

Depuis 2013 la vallée du Mzab a vécu des affrontements intercommunautaires très dangereux qui ont pris durant l’année 2015 un grave tournant avec la mort de pas moins de 25 algériens. C’est durant l’été 2015, que la violence atteint son seuil de gravité. Les affrontements qui ont émaillé la région durant les deux dernières années ont provoqué dans le pays un grand sentiment de peur et de crainte de voir le feu éclaté à Ghardaïa ne pas s’éteindre et se propager au reste du territoire surtout que l’environnement régional est très fragile sur le plan sécuritaire. La violence qui prit l’allure de conflit intercommunautaire pourtant entre populations du même pays et de même ethnie, -seule différence  le rite religieux-, suscitait bien des questionnements sur les desseins de ses provocateurs. Le calme qui revenait après chaque cycle de violence était de courte durée. La passivité des pouvoirs publics et les forces de l’ordre devant l’ampleur des actes de sabotage et de violence a  elle aussi été soulevée par les observateurs, ajoutant davantage de suspicions sur les tenants et aboutissants de ce conflit provoqué. L’appui de la thèse du conflit ethnique servait à certains de masquer les véritables commanditaires des crimes commis. Ghardaia, jadis havre de paix, est devenu un carrefour pour les trafics en tout genres. Sa situation géographique servant de relais entre le sud et le nord, a fait de la région le lieu de passage ou de négoce des marchandises prohibées. L’insécurité servant de couverture aux trafiquants et aux contrebandiers. Certains analystes avançaient même la thèse d’interventions étrangères pour faire pression sur l’Algérie afin de prendre part militairement aux conflits malien et libyen. Devant l’incapacité de la police et de la gendarmerie à rétablir l’ordre, les autorités décident d’appeler l’armée à la rescousse. Cette dernière se déploie dans la région et entreprend le rôle policier de maintien de l’ordre. 27 internautes sont arrêtés pour « animation de pages communautaires incitant à la violence ». Kamel Eddine Fekhar, ancien militant des droits de l’homme ainsi que 20 de ses compagnons  ont été interpellés. Le Premier ministre se rend dans la région et annonce l’interdiction de tout rassemblement. En octobre dernier,  Fekhar qui clame son innocence est condamné à une année de prison ferme pour « actes de vandalisme, destruction de biens publics et privés, troubles sur la voie publique, incendie et dégradation de véhicules, coups et blessures sur un corps constitué, ainsi que d’atteinte à l’emblème national ». Six autres détenus ont écopé d’une peine de six mois de prison ferme. En ce mois de décembre des activités culturelles sont organisées dans la région. Les habitants de Ghardaïa retrouvent petit à petit goût à la paix et espèrent qu’elle sera durable.

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