Selon nombre d’observateurs, l’Algérie n’exploite pas le potentiel économique de l’industrie et des technologies numériques. Que faut-il retenir de 2015 sur le plan des TIC ? Il y a eu d’abord le lancement de la 3G en Algérie après des années d’hésitation et un énième changement au niveau du secteur avec la nomination de Houda-Imane Feraoun en tant que ministre de la Poste et des Technologies de l’information et de la communication, qui a eu comme priorité de susciter un dynamisme dans un secteur à la traîne. L’économie numérique n’est malheureusement pas reconnue comme facteur de croissance, elle se heurte à un cadre réglementaire et fiscal complexe et inadapté aux besoins d’aujourd’hui de transversalité et de rapidité que demandent les technologies actuelles, notamment les télécommunications et l’internet. La 3G a-t-elle changé quelque chose ? Les avis sont partagés. «Oui, bien sûr, les besoins en services en ligne sont maintenant criants, car l’appropriation des technologies est réelle. Le citoyen veut autre chose, facebook, YouTube... C’est bien, mais ce n’est valable qu’un temps ; il veut de l’information algérienne», commente Ali Kahlane, vice-président de CARE et ancien professeur à l’Ecole militaire polytechnique (EMP). Ainsi, selon lui, «l’Etat doit saisir cette opportunité de vaches très maigres pour lancer sa révolution numérique. Il existe trois leviers qu’il peut très facilement et rapidement mettre en place pour amorcer des changements structurels : aider toute startup en finançant l’innovation, moderniser les services publics et tout mettreen œuvre pour numériser les deux secteurs de l’enseignement et la santé». Rappelons dans ce contexte que la numérisation des services publics peut faire économiser beaucoup d’argent à l’Etat. Une étude du gouvernement anglais sur l’efficience de la numérisation (Cabinet Office, Digital efficiency report, novembre 2012) a montré que le Royaume Uni a fait une économie de 1,7 à 1,8 million de livres par an. Le même service effectué via une technologie numérique coûte 50 fois moins cher que le service en face-à-face, 30 fois moins cher que par échange postal et 20 fois moins cher que par échange téléphonique. Ainsi, selon nombre d’observateurs, l’Algérie n’exploite pas le potentiel économique de l’industrie et des technologies numérique. Le pays exporte moins de 1 dollar par habitant de produits et services hightech, alors que la Tunisie et le Maroc en exportent respectivement 57 dollar/habitant et 29 dollars/habitant grâce à des politiques volontaristes des développements des TIC. Ces chiffres traduisent l’écart de la contribution des TIC au PIB national. En 2012, cette contribution a été́de 4% en Algérie alors qu’elle a été respectivement de 7% et 7,6% au Maroc et en Tunisie. On regarde aujourd’hui son téléphone/smartphone 200 à 400 fois par jour pour savoir ce qui se passe dans le monde ou autour de nous. Le sens et l’influence d’Internet est entrain de tout changer et va grandissants et rien ne pourra jamais l’arrêter. Il faut plus que jamais exploiter cette ressource extraordinaire comme une véritable locomotive pour amorcer notre révolution numérique et de la développer et moderniser tout en le sortant de la crise actuelle. Le numérique permettra une bancarisation plus rapide. L’accès aux services financiers est décisif pour l’intégration sociale et l’inclusion économique de l’Algérien. Le nombre d’abonnés au réseau fixe reste relativement stagnant depuis l’ouverture du marché de la téléphonie mobile. Cette dernière en effet répond mieux aux exigences du marché grâce à ses nombreux avantages (mobilité, SMS, services à valeur ajoutée, Internet mobile).Malgré les efforts déployés ces dernières années, le retard de l’Algérie en matière de TIC est communément admis et reconnu. Pendant les années 2003 à 2007 l’effort financier de l’Etat a eu un effet visible sur les infrastructures et équipements installés au niveau des administrations et entreprises. Cependant, l’impact sur l’usage des TIC dans la société ne fut pas trop important. Au regard du nombre limité des services en ligne développés et exploités, on constate une appropriation réduite des TIC aussi bien par l’administration que par les entreprises et les citoyens. Parmi les projets concrets figurent celui de la Caisse nationale de la sécurité sociale des travailleurs salariés qui a conduit avec succès la dématérialisation de la carte de sécurité sociale (carte Chifa). En plus de l’opération de numérisation des documents d’état civil lancée au cours des dernières années : 93 millions de documents ont été numérisés. Ainsi la délivrance, depuis quelque temps, par les communes des cartes grises, des cartes d’identité nationale et des passeports biométriques a permis un gain de temps important et un allégement considérable des procédures pour le citoyen.
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