C’est assurément l’événement majeur de l’année 2015. Le 13 septembre, par un simple communiqué, le président Bouteflika annonçait avoir «mis fin ce jour aux fonctions de chef du Département du renseignement et de la sécurité, exercées par le général de corps d’armée Mohamed Mediène, admis à la retraite». Celui que l’on présentait comme «Rab Dzayer», à tort ou à raison, qui a pendant plus de 25 ans dirigé les services secrets (DRS), était renvoyé chez lui. Le «faiseur de rois» venait de perdre sa dernière bataille dans la guerre des clans qui secoue le régime depuis la réélection de Bouteflika pour un quatrième mandat. Cette éviction semblait le prolongement logique d’une série d’attaques dont le dernier des «janviéristes» a fait l’objet ces deux dernières années. Depuis l’enquête diligentée par le DRS sur la gestion de Sonatrach, dans laquelle l’ancien ministre de l’Energie, Chakib Khelil, un proche du Président, était accusé de corruption, le général Toufik était en sursis. En février 2014, à la veille de l’élection présidentielle, Amar Saadani, secrétaire général du Front de libération nationale (FLN), l’attaquait publiquement. Le chef du DRS, jugé «réticent» au quatrième mandat du président Bouteflika, était accusé d’avoir «failli à la protection et la sécurité du président Mohamed Boudiaf», assassiné le 29 juin 1992 par un élément du Groupe d’intervention spécial (GIS), le bras armé de Services algériens. Saadani avait également accusé le général Toufik d’avoir «failli dans la protection des moines de Tibhirine, des bases de pétrole dans le Sud et des employés des Nations unies en Algérie» ciblés par des attentats terroristes. Ces attaques marquaient le début de la campagne engagée par le président Bouteflika, soutenu par le chef d’état-major de l’armée, le général Ahmed Gaïd Salah, pour se débarrasser de celui qui a favorisé son élection à la tête du pays à trois reprises. Mais ceux qui ont un peu trop vite crié victoire vont déchanter. Face à la condamnation à cinq ans de prison ferme du général Hassan, ex-chef du service de lutte antiterroriste (Scorat), le général Toufik déclenche un séisme en publiant une lettre ouverte dans laquelle il dénonce cette condamnation pour «infractions aux consignes militaires» et «destruction de documents». Dans le document, l’ancien homme fort des Services algériens se dit «consterné» par la décision judiciaire qui déshonore un responsable d’une grande loyauté ayant officié sous ses ordres. Et il demande aux autorités algériennes de réparer l’injustice commise à l’égard de son ancien collaborateur. «Au-delà des questionnements légitimes que cette affaire peut susciter, le plus urgent, aujourd’hui, est de réparer une injustice qui touche un officier qui a servi le pays avec passion et de laver l’honneur des hommes qui, tout comme lui, se sont entièrement dévoués à la défense de l’Algérie », écrit-il.
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