Pour solutionner la crise aiguë du logement, le gouvernement algérien ne manque pas de bonnes intentions. Un programme ambitieux est annoncé en grande pompe dans ce sens et des délais sont fixés. Mais vu l’actuelle conjoncture économique du pays, l’Etat est-il capable de respecter ces échéances ? Pis encore, le secteur de l’habitat possède-t-il les moyens de réceptionner les projets lancés dans ce sens, à rattraper le retard déploré dans plusieurs chantiers à travers le pays, ou encore entamer ceux projetés dans le futur ? Ce département est-il en mesure de faire face à la pression des souscripteurs des formules AADL et LPP perdu dans le flot des déclarations, souvent contradictoires, émanant des différents responsables du secteur ? A en croire la dernière déclaration du ministre de l’Habitat, de l’Urbanisme et de la ville, Abdelmadjid Tebboune, tous ces questionnements sont un non-lieu. Il va encore plus loin en annonçant la résorption de la crise du logement et s’appuie sur le bilan du secteur de l’année en cours où le déficit en matière de logements est passé de 3 millions d’unités à seulement 450 mille en 15 ans. Toutefois, en matière de délais, le ministère de l’Habitat a toujours fait preuve d’une grande amnésie. Volontaire ou pas, le résultat est le même. La dernière déclaration du premier responsable du secteur, qui date de seulement quelques jours, que les souscripteurs au programme AADL 2013 de Béchar, Guelma, M’sila, Khenchela et Aïn Témouchent recevront leurs décisions de pré-affectation à partir de février 2016. Les autres les auront à partir du mois de mai. Un mois avant, ce même responsable déclarait devant les sénateurs que ces mêmes décisions seraient remises aux souscripteurs de 2001 et 2002 vers la fin décembre 2015 et janvier 2016. Un délai annoncé, puis omis. Sans citer les différents chantiers de réalisation de logements LSP ou LPP, à l’arrêt depuis des mois, voire des années, l’Etat est non seulement obligé de se rappeler des dates butoir qu’il se fixe, mais aussi à donner des réponses convaincantes aux souscripteurs, notamment ceux de l’AADL et du LPP. Ces derniers ont marqué l’année 2015 par leurs mouvements de protestation. Les lppistes ont dû subir une douche froide après la révision à la hausse de 200% du prix du mètre carré du logement. Il est passé de 45 000 DA à 96 000 DA en quelques mois malgré le cahier des charges bien précis dans ce sens et les déclarations formelles de M. Tebboune. Ces souscripteurs, qui représentent l’élite du pays, ont dû subir encore le mépris témoigné par le directeur général de l’ENPI qui a refusé de les recevoir et les a conviés, en leur envoyant un simple agent de sécurité, de rentrer chez eux et d’attendre ses déclarations via la presse. Le coup fatale fut l’augmentation du montant de la deuxième tranche à un million de dinars réduisant ainsi à néant les promesses du ministre quant à la préservation de son montant initial de 500 000 DA. Ne trouvant pas de réponse à leur doléances, ces derniers se sont un temps soit peu résignés, mais affichent toujours un volonté de révoltes au moindre prochain faux pas de l’Etat. Pour l’année qui s’annonce, M. Tebboune affiche une volonté de mettre de l’ordre dans son secteur en fixant de nouvelles dates butoirs pour mettre fin aux problèmes enregistrés dans les chantiers en retard, la vente des logements locatifs délivrés avant 2004 et un nouveau délai de 2 mois pour solutionner les problèmes relatifs au logement rural. L’année 2016 marquera-t-elle la fin de l’Alzheimer de l’Etat en matière de délais ? La réponse ne saurait tarder.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire