mardi 29 décembre 2015

L’inévitable procès du régime

Un parcours sans faute de 70 années de militantisme, suscitant l’admiration de générations d’Algériens et faisant pâlir de jalousie ses détracteurs qui ont fait preuve de lâcheté ou de compromission devant l’histoire. Si la mort d’un historique ne peut passer sous silence, celle de Hocine Aït Ahmed est un événement sans précédent qui laissera bien des traces. Ce géant de l’histoire de l’Algérie a marqué du sceau du combat les pages du Mouvement national et la lutte pour l’indépendance ainsi que les pages de la lutte pour la démocratie et l’autodétermination du peuple algérien. Un parcours sans faute de 70 années de militantisme, suscitant l’admiration de générations d’Algériens et faisant pâlir de jalousie ses détracteurs qui ont fait preuve de lâcheté ou de compromission devant l’histoire. Sa vie durant a été une leçon d’indignation face à l’injustice et à l’autoritarisme. Il ne pouvait en être autrement de sa mort. Dès l’annonce de son décès le mercredi 23 décembre,  ce sont toutes les pages de l’histoire de l’Algérie qui se sont ouvertes par ce mécanisme tant redouté par les tenants du pouvoir qu’est la justice de l’histoire. Sa mort semble même être un acte politique, une dernière salve d’un guerrier qui n’a jamais courbé l’échine ni abdiqué. Le procès du pouvoir s’ouvre avec pour juge un peuple qui n’a jamais douté de Hocine Aït Ahmed et qui se réveille sur ce sentiment amer d’avoir raté avec lui le grand rendez-vous avec la liberté. Depuis donc mercredi dernier, médias, réseaux sociaux et lieux publics n’ont pour sujets que le parcours de Hocine Aït Ahmed, d’une part, et l’implacable jugement de l’histoire sur ses adversaires des groupes de décideurs de 1962 à nos jours, d’autre part. Le procès est ouvert et les accusés ne manquent pas, à leur tête, au grand dam de Louisa Hanoune, l’inévitable Houari Boumediène dont l’anniversaire de la mort interviendra, comme le veut le hasard de l’histoire, cette semaine. Celui qui mit dans ses geôles le rédacteur du rapport de Zeddine et père de la Révolution et la diplomatie algériennes, Hocine Aït Ahmed,  est jugé par «contumace»  pour le hold-up du rêve de tout un peuple. Avec sa mort, le peuple juge pour Aït Ahmed et pour l’histoire, Boumediène et tous les responsables de la tragédie algérienne, dont le premier acte a été commis en 1962 et réédité à chaque rendez-vous électoral. Un autre anniversaire intervient aussi cette semaine, celui de la mort de Abane Ramdane, autre figure de proue de la Révolution algérienne, assassiné par les siens. Et encore une fois et pour l’histoire, Hocine Aït Ahmed, alors en prison, a défendu Abane quand d’autres dirigeants de la Révolution ont acquiescé à l’ordre de liquidation physique prononcé contre lui. Comment peut-on dire d’un homme de sa stature, ayant fait face à toutes les injustices et refusant tous les honneurs factices que lui proposaient des dirigeants souffrant de légitimité, avoir passé au crépuscule de sa vie un deal avec le pouvoir ? Ses derniers vœux d’enterrement suffisent à dire à tous les malhonnêtes qui continuent de déverser leur fiel qu’il est plus grand pour que l’atteignent tous les écrits commandés. Le seul contrat qu’Aït Ahmed ait passé est un contrat de fidélité à ses idéaux et ses combats pour l’autodétermination du peuple algérien. Il a vécu pour le peuple et c’est ce même peuple qu’il appelle pour l’enterrer. Une autre leçon qui fausse les calculs des manipulateurs.

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