Sale temps pour les libertés en Algérie. Cette année, les autorités n’ont pas hésité à utiliser le bâton pour restreindre les libertés individuelles, en ayant recours aux dispositions du code pénal pour limiter toute liberté d’expression. Pour cela, l’Etat s’est appuyé sur l’arsenal juridique en vigueur qui lui permet sous couvert d’accusations pour «outrage» ou «diffamation» visant des représentants de l’Etat ou des institutions, de prononcer des condamnations à des peines de prison. Ainsi, les tribunaux ont prononcé des condamnations à des peines de prison contre un dessinateur à El Meghaïer, dans la wilaya d’El Oued, et lancé une action contre un militant pour une publication sur facebook. En outre, douze manifestants pacifiques d’El Oued et de Tamanrasset ont été condamnés à des peines de prison et un militant des droits de l’homme encourt la peine de mort. Face à la gravité de la situation, Amnesty International Algérie a tiré la sonnette d’alarme. A l’occasion de la célébration mondiale de la Journée des droits de l’homme, l’ONG a demandé que «cesse de prendre pour cible ceux qui critiquent le gouvernement» et aux législateurs algériens de «modifier les lois érigeant en infraction l’exercice des libertés civiles et prévoyant des peines de prison contre des manifestants non violents». Des reproches que partage l’ONG américaine de défense des libertés dans le monde Freedom House. Dans son classement annuel paru en 2015, l’organisation tire un bilan négatif sur l’état des libertés dans le pays depuis la levée de l’état d’urgence, car les lois en vigueur «ont échoué à protéger les libertés individuelles des Algériens». Même constat de la part du président de la Ligue algérienne de défense des droits de l’homme (LADDH), Noureddine Benissad qui avait déploré la régression que connaît le pays dans le domaine des libertés collectives, notamment celles de s’associer, de manifester, de se rassembler, de se réunir et de s’exprimer, alors que l’Algérie a ratifié plusieurs conventions internationales relatives à ces droits. «Après l’abrogation de l’état d’urgence en février 2011 et l’annonce de réformes politiques par le président Bouteflika suite à des mouvements sociaux, la nature du pouvoir a fini par annihiler tout espoir de changement, puisque sur le terrain, il y a eu une régression concernant les libertés collectives, notamment celles de s’associer, de manifester, de se rassembler, de se réunir et de s’exprimer», avait rappelé Noureddine Benissad, avant de conclure que, pour lui, il existe bel et bien «des prisonniers d’opinion dans l’Algérie de 2015» !
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