L’affaire opposant les deux frères Abdelkader et Hocine Mohamed, anciens Patriotes de Relizane, à la Fédération internationale des ligues des droits de l’homme (FIDH) et à la Ligue française pour la défense des droits de l’homme et du citoyen vient de connaître un autre revirement. Accusés de «tortures» et d’«actes de barbarie», pour des faits lors de la décennie noire, les deux frères ont été finalement acquittés mardi dernier par la chambre d’instruction de la cour d’appel de Nîmes qui a ordonné un non-lieu en leur faveur pour «absence de charges suffisantes». Une décision qui met fin à plus de douze ans d’attente des deux frères Mohamed, qui ne cessent de clamer leur «innocence». Ce verdict n’est guère approuvé par le président d’honneur de la FIDH, Me Patrick Baudouin, également avocat des familles des moines de Tibhirine, qui, dans un communiqué de la FIDH rendu public le jour-même, qualifie la décision de la justice française de «scandaleuse». «Cette décision vient contredire la position unanime du parquet et du juge d’instruction qui avaient tous deux conclu, après dix ans d’instruction, à la mise en accusation des frères Mohamed devant une cour d’assises», déclare, dans le même communiqué, Me Baudouin. Pour rappel, les deux frères avaient été mis en accusation, le 25 décembre 2014, suite à une plainte déposée par les deux organisations en 2003, formulée sur la base de témoignages des familles des «victimes» et ceux des organisations algériennes, dont le bureau de Relizane de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l’homme (LADDH), présidée à l’époque par Mohamed Smaïn, et le Collectif des familles des disparus en Algérie (CFDA), à sa tête Nassera Dutour. GIA Les deux frères ont été mis sous contrôle judiciaire et interdits de quitter le territoire français pendant dix ans. Me Khadija Aoudia, qui dans un premier temps avait dénoncé la décision de la mise en examen de ses clients qui, selon elle, n’ont pas bénéficié de la présomption d’innocence, qualifiait l’affaire de «règlement de comptes». «C’est une vengeance des islamistes qui veulent régler leurs comptes avec l’armée et rien d’autre, confie-t-elle. Les deux frères ont été lynchés par une certaines presse française. Ce n’est que depuis les derniers attentats terroristes qu’a vécus la France que les gens ont commencé à mieux cerner l’affaire.» Rencontrés à Nîmes, en août dernier, les deux frères accusent Mohamed Smaïn de vouloir «se venger» de leur père, Abed, et de Mohamed Fergane, deux chefs patriotes de la wilaya de Relizane, une région dévastée à l’époque par le GIA. «Le fils de Mohamed Smaïn était émir du GIA. C’est lui-même qui a commandité, en 1994, l’attentat terroriste qui a fait 14 morts, tous des civils, au centre-ville de Relizane, s’indigne Abdelkader. Un militant des droits de l’homme doit rester neutre, ce qui n’est pas le cas de Smaïn qui a déjà choisi son camp.» Ce dernier, rencontré chez lui à Relizane, en juillet 2015, n’a pas nié les faits mais a rappelé qu’il n’a pas choisi le parcours de son fils. «Mon fils a été capturé, torturé pendant un mois puis assassiné par les militaires, fulmine-t-il. Je n’ai pas choisi le destin de mon fils. Je reste défenseurs des droits humains et je dénoncerai tout abus d’où qu’il vient, ce que j’ai fait dans le cas des deux frères Mohamed.» ONG Autres éléments. Me Aoudia révèle que Nassera Dutour aurait déclaré que «80% des exactions étaient imputables aux groupes de légitime défense et 20% à l’armée». «Ce qui veut dire en d’autres termes, 0% d’exactions imputables aux GIA !», s’étonne l’avocate. Contactée au cours de la même période, Mme Dutour «nie avoir tenu une telle déclaration» et indique qu’«elle n’a fait qu’accompagner les familles victimes de disparitions forcées en tant que responsable de la CFDA.» Au final, sept plaignants se sont constitués partie civile, dont Mohamed Smaïn. Me Aoudia affirme que seuls quatre témoins ont été retenus. La défense a fait appel pour non-respect d’un procès équitable, en l’absence de charges suffisantes permettant la mise en accusation des frères Mohamed et a sollicité un non-lieu. «Le procureur général a soutenu l’absence d’éléments à charge suffisants et a demandé un complément d’information en Algérie. L’audience a été fixée pour le 1er octobre dernier et l’affaire a été plaidée. Mardi, la chambre de l’instruction a déclaré irrecevable la constitution de Mohamed Smaïn en tant que partie civile et a rejeté la demande du procureur général sur le complément d’information.» Me Baudouin ne compte pas en rester là, il déclare dans le même communiqué qu’il va «user du pouvoir de cassation contre ladite décision». Cette affaire a suscité aussi l’indignation des Patriotes, des gardes communaux et des victimes du terrorisme qui ont dénoncé la poursuite à travers des communiqués. Cherifa Kheddar, présidente de l’association Djazairouna des familles victimes du terrorisme islamiste, s’exprime sur le dossier. «Les premiers qui ont lâché les frères Mohamed sont les autorités algériennes qui ne se sentent pas redevables à leur combat contre l’islamisme et le terrorisme. De plus, je me demande pourquoi des ONGs, telles la FIDH, ne poursuivent pas en justice des terroristes ou des islamistes qui ont commis des horreurs en Algérie comme Mourad Dhina, l’un des fondateurs du FIS, qui a publiquement revendiquer les attentats contre les intellectuels algériens. Au contraire, c’était la FIDH qui a pris sa défense, quand il a été incarcéré en France et c’est elle qui l’a fait libérer ! Cette organisation ne défend que les islamistes et comme beaucoup d’autres, elle fait dans les deux poids, deux mesures.»
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