mardi 2 février 2016

Alain Juppé incite à se projeter dans l’avenir

La France et l’Algérie doivent entretenir un partenariat particulièrement étroit», a indiqué Alain Juppé, en visite à Oran   dimanche et lundi. A propos des relations entre les deux pays — un thème qu’il devait aborder à Alger avec de hauts représentants de l’Etat — il s’est dit «réjoui» que celles-ci soient au beau fixe et a promis de tout faire à l’avenir pour qu’elles se renforcent et s’approfondissent. Pour lui, l’intérêt est mutuel pour diverses raisons, d’abord stratégiques liées à la Méditerranée. «Nous avons rêvé d’en faire un espace de paix et de coopération, mais aujourd’hui c’est un espace de crise sur lequel se déchaînent des conflits parfois des plus barbares», explique le maire de Bordeaux, évoquant la nécessité de combattre ensemble le terrorisme. Sur un plan économique, il se base sur le besoin des entreprises françaises de s’ouvrir davantage à l’international pour la conquête de nouveaux marchés et sur celui de l’Algérie pour les investissements étrangers afin de diversifier son économie. Des considérations humaines entrent en jeu dans le désir exprimé de  consolider ce lien entre l’Algérie et la France. «Je n’évoquerai pas ici l’histoire, les cicatrices se referment et ce n’est pas une raison pour oublier, la mémoire reste active mais je crois qu’il faut se projeter dans l’avenir», souhaite Alain Juppé qui pense que les perspectives sont bonnes, car tout Algérien a au moins un membre de la famille en France et que «le réseau des binationaux représente un lien humain extrêmement fort». La délégation française a entamé sa visite dimanche en fin de journée  par la  grande mosquée d’Oran et son institut islamique. Le programme du lendemain a commencé par le site de Santa Cruz, la chapelle de la Vierge et la basilique de Notre-Dame du Salut, un sanctuaire en rénovation. «Je vois tout un symbole dans la juxtaposition de ces deux visites», indique l’ancien Premier ministre français. «J’ai trouvé, ajoute-t-il,  une intelligence dans les rapports entre les communautés,  un esprit de respect mutuel, de concorde et je voudrais saluer cet esprit de tolérance et de compréhension. J’en parlerai beaucoup en France, car cela nous permettra de nous en inspirer, nous qui sommes dans un climat parfois tendu à cause de l’incompréhension et de l’absence de dialogue qui génère des peurs et des actes d’agressivité.» Sur le site, des explications lui ont été fournies par l’évêque d’Oran, Mgr Jean-Paul Vesco, qui a salué l’engagement des autorités locales, le wali d’Oran, Abdelghani Zalane, et le maire de la ville, Noureddine Boukhatem, pour les facilitations accordées à ce projet de rénovation, un exemple de partenariat public/privé et une coopération entre les entreprises  algériennes et françaises. L’initiative a été prise dans le même sillage que la restauration à Alger de la cathédrale Notre-Dame d’Afrique et de l’église Saint-Augustin à l’est du pays. La première phase du projet d’Oran sera livrée en avril prochain, mais on pense déjà à la réhabilitation de l’esplanade qui exigera un financement du même type estimé à 180 millions de dinars. A Sidi El Houari, au siège de l’association SDH, Alain Juppé a partagé un moment d’échange avec les jeunes de cette organisation impliqués dans plusieurs programmes de coopération avec la ville de Bordeaux. Il s’est particulièrement intéressé au devenir des gens qui ont bénéficié de formations dans ce cadre-là. A Sidi Marouf, où se trouve la station nodale du tramway d’Oran, Alain Juppé a inauguré l’effigie des armoiries de la ville de Bordeaux qui ont été apposées sur une des rames qui va désormais sillonner les rues de la ville, une initiative symbolisant le jumelage des deux métropoles mais aussi la coopération économique entre les deux pays. Le programme s’est achevé à l’hôtel Eden, où les deux maires ont assisté à la signature d’une convention portant sur la formation dans le domaine de l’hôtellerie et de la restauration entre la chaîne  hôtelière Eden et  le lycée spécialisé de Gascogne à Bordeaux. Le proviseur de l’établissement, M. Sarazzin, a indiqué que la convention signée hier n’était pas uniquement un acte marchand mais un symbole pour la transmission et l’échange de valeurs. A ce propos, mais en dehors du contenu de la convention,  il annonce que des chefs bordelais séjourneront en Algérie le 29 mars prochain pour un échange, avec leurs collègues algériens, dans le cadre d’une tournée organisée par l’Institut français. Autre initiative impliquant l’organisation Collège culinaire de France : cinq jeunes Algériens auront la possibilité, à condition de trouver les financements nécessaires,  d’être formés à l’art culinaire d’excellence.  Au sujet de projets nouveaux pouvant éventuellement être concrétisés entre Oran et Bordeaux, Alain Juppé évoque les espaces verts en s’inspirant de la réussite de l’aménagement des quais de Bordeaux.  

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