mardi 2 février 2016

Des intellectuelles se démarquent

Dans une tribune intitulée «Constitution d’un Etat ou Constitution d’un régime», quatre intellectuelles développent une analyse très critique du projet de révision constitutionnelle. «On nous a souvent dit que l’histoire ne se répète pas. Elle semble plutôt bégayer et ne plus voir (…) que l’anathème et l’exclusion comme horizons d’une humanité malmenée par des pouvoirs en mal d’imagination», soulignent-elles. Quatre intellectuelles au parcours universitaire dense, quatre femmes franchement engagées dans les débats qui agitent la société depuis des années prennent leur plume pour débattre de la révision constitutionnelle. Fatma Oussedik (sociologue), Khaoula Taleb Ibrahimi (linguiste), Louisa Driss Aït Hamadouche (politologue) et Fatiha Benabbou (professeur de droit) abordent, dans cette tribune intitulée «Constitution d’un Etat ou Constitution d’un régime ?», le projet de révision constitutionnelle qui sera soumis au vote du Parlement. Mme Oussedik traite de la question de l’égalité des sexes et propose de contribuer au débat général «à partir de la question de la possibilité d’imaginer de faire figurer, dans la Constitution, la parité». De son côté, Mme  Taleb Ibrahimi se penche sur la question identitaire et des libertés académiques en affirmant que la révision constitutionnelle révèle l’incapacité à «dépasser la culture politique foncièrement hostile à toute expression diverse et plurielle». Pour elle, la révision de la Constitution confirme que «les libertés fondamentales sont assujetties au bon vouloir de la loi». Mme Driss Aït Hamadouche, quant à elle, assure qu’il s’agit plutôt d’une «Constitution d’un régime et non celle d’un Etat». «Pour qu’une Constitution soit le trésor d’un Etat et pas le butin de guerre d’un régime, elle doit représenter un projet national qui s’inscrit dans le temps long de l’histoire d’une nation et pas dans le temps court de l’histoire d’un pouvoir», écrit-elle. Enfin, Mme Benabbou, en sa qualité de constitutionnaliste, relève les incohérences et les contradictions que comporte le texte proposé au Parlement pour amendement : «Sous la pression des lobbies, ont été introduits des principes disparates, sinon contradictoires. Il va de soi que l’absence de cohérence du texte mène vers l’instabilité constitutionnelle.» Les quatre intellectuelles, fortes de leurs compétences universitaires et surtout de leur engagement citoyen, n’ont pas limité leur tribune à l’analyse politiste ; elles réaffirment vigoureusement l’urgence de l’instauration d’un Etat digne des aspirations des Algériennes et des Algériens. «On nous a souvent dit que l’histoire ne se répète pas. Elle semble plutôt bégayer et ne plus voir dans la vie des hommes que l’anathème et l’exclusion comme horizons d’une humanité malmenée par des pouvoirs en mal d’imagination et ne luttant que pour leur maintien, en méprisant les aspirations de leurs citoyens à une vie juste et digne», concluent-elles.

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