mercredi 24 février 2016

Emouvantes funérailles

C’est en début d’après-midi que la dépouille du défunt «Momo», comme l’appelaient ses amis et camarades de lutte et de combat, a été déposée dans le caveau familial, portée par un détachement de la Protection civile. Ils étaient tous là, ses enfants, amis et compagnons regroupés pour rendre un dernier hommage au moudjahid ravi aux siens à  l'âge de 81 ans. Très peu d’officiels, hormis les représentants locaux de l’Organisation des moudjahidine. Parmi l’assistance, on pouvait remarquer la présence de vieux compagnons de route, à l’image du moudjahid Abdelkader Guerroudj, d’Annie Steiner et bien d’autres encore en vie et «noyés» au milieu d’une foule innombrable de jeunes, à l’instar de ce groupe de lycéens intrigués par la présence d’agents de la Protection civile devant le cimetière de Kouba. Pressés par leurs questions de savoir qui était le défunt que l’on enterrait, on a pu mesurer l’intérêt que portent les moins de 20 ans à l’histoire de la lutte de Libération nationale qui peut sembler a priori bien loin de leurs préoccupations immédiates. Les lycéens ont vite montré qu’ils n’ont pas oublié ce qu’ils ont appris en classe : le Congrès de la Soummam, les manifestions du 11 Décembre 1960… «Momo» aurait été sans doute surpris d’apprendre que le jour de son enterrement aura été aussi l’occasion pour de jeunes lycéens d’apprendre quelque chose de nouveau à propos de l’engagement des militants d’origine européenne, communistes ou non, qui se considéraient pas moins Algériens et profondément acquis à la cause nationale de l’époque, celle de l’indépendance. Et surtout que cette période de l’histoire ne pouvait continuer de souffrir de l’ostracisme voulu par les officiels bien pensants. Hier, Monseigneur Tessier, ancien archevêque d’Alger, a rappelé, en prononçant l'oraison funèbre, le parcours du moudjahid Maurice Baglietto jusqu'à sa mort. Puis ce fut au tour de Zazi Sadou, fondatrice du Rassemblement algérien des femmes démocrates (RAFD), de rappeler, dans un témoignage émouvant, l’engagement de «Momo» au sein du Rassemblement. Et comment au plus noir des années du terrorisme, il a sillonné en compagnie des militantes du RAFD toute la Mitidja, pour apporter un soutien aux survivants des massacres, recueillir leurs témoignages… Pas seulement la Mitidja, mais tous les endroits du pays profondément meurtris par les ravages du terrorisme.  Un engagement de tous les jours contre la barbarie intégriste. L’assistance était profondément émue par le témoignage de Zazi Sadou qui a eu du mal à contenir ses larmes de tristesse devant la perte d’un camarade, d’un ami. Hier, la plupart de ceux qui étaient rassemblés autour de la dépouille du moudjahid Baglietto avaient sans doute conscience que les choses devaient changer et qu’il était temps d’apporter des vérités que l’histoire officielle de la guerre de Libération nationale a volontairement «escamotées».  

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