Les prisons algériennes vont libérer un grand nombre de détenus, de l’ordre de 30 à 40%, durant les prochains mois.» C’est ce qu’a déclaré, cette semaine, Me Farouk Ksentini, le président de la Commission nationale consultative pour la promotion et la protection des droits de l’homme (CNCPPDH). Selon lui, «cette réduction du nombre de détenus serait un effet mécanique des amendements introduits dans le code de procédure pénale entrés en vigueur le 23 janvier. Cette baisse va survenir de manière progressive sous l’effet des dispositions qui réduisent les cas de recours par les juges à la détention provisoire». L’avocat estime que «grâce aux nouveaux amendements, l’usage abusif en matière de détention provisoire, qui constitue la cause de l’encombrement dont souffrent les prisons, sera réduit et permettra aux prisons de souffler». Mais Me Salah Naït Belkacem, avocat au barreau d’Oran, n’est pas d’accord avec une telle décision. «Nous avons du mal à gérer la surpopulation carcérale au sein de nos structures. Nos prisons sont une bombe à retardement. On ne fera que déplacer ce problème de l’espace carcéral à l’espace libre. Ça sert à quoi de libérer les prisonniers si c’est pour les jeter dans l’air libre ? Cette situation est née de l’absence de politique pénale.» Afin que la situation s’arrange, l’avocat propose de «préciser de façon claire qui on met en prison et qui n’est pas concerné par l’incarcération. Il faut abandonner toutes les exceptions qui peuvent figurer dans le code afin que les choses soient claires une fois pour toutes». L’avocat Salah Dabouz, militant de la Laddh et membre de la Commission des droits de l’homme de l’Union internationale des avocats, se désole : «Nos lois s’appliquent à certains Algériens mais pas à d’autres, notamment pour les détenus du Sud. Il se pourrait donc que ces lois soient appliquées à certains cas mais sûrement pas à tout le monde, ce qui est d’ailleurs scandaleux».
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